Traces du baroque
Résumé
De toutes les cornemuses du domaine français, la chabrette limousine est sans doute celle qui répond le mieux aux critères donnés par Denise Gluck et Georges Henri Rivière (Arts populaires des pays de France, 1976) pour définir les objets exceptionnels de la vie cérémonielle dans la société traditionnelle : des connaissances techniques répondant à des besoins, des croyances et des pratiques, une aspiration à la création artistique, une iconographie emblématique qui en est la parure et affirme l'individu. La chabrette, en raison de sa boîte à bourdons très élaborée, se situe dans la filiation des musettes à soufflet, instrument aristocratiques de haute technologie, à la facture complexe et raffinée. Elle utilise des matériaux recherchés (buis, os, corne), contrastés, agencés pour souligner les composantes de l'instrument. La fontanelle du pavillon de son hautbois, comme ses éléments décoratifs sont un héritage de la facture instrumentale de l'époque baroque. Il en est ainsi des motifs piquetés des viroles, des cerclages d'étain, des chaînettes reliant les différents segments des bourdons, de la robe parant sa poche d'air, enfin des ornements de l'empeigne, tantôt verroteries et miroirs qui rappellent la technique des émaux limousin, tantôt motifs d'ostensoirs, de tabernacle, de croix ou de tétramorphe, ou encore de langues de feu en étain. Leur symbolique chrétienne, voire cosmique et protectrice ne fait pas de doute.
Origine : Accord explicite pour ce dépôt