Au collège de Laruns (Pyrénées atlantiques) le langage sifflé se fait entendre partout, chaque semaine les élèves y apprennent à transcoder la langue béarnaise parlée en phrases sifflées. Hérité d’une pratique des bergers, ce joyau du langage oral permet de communiquer à de grandes distances. Dans cette expérimentation pédagogique commencée en janvier 2015 les élèves, de la 6ème à la 3ème, sont encouragés à se placer eux-mêmes en chercheurs, et sont engagés depuis la rentrée de septembre 2016 dans un processus de tressage pédagogique pluridisciplinaire avec l’aide de professeurs volontaires. Cet article fait état de l’avancée des travaux de recherche en cours. Dans la première partie sera présentée une étude comparative des bulletins scolaires du collège de Laruns et de celui d’Arudy, son voisin, mettant en évidence une différence d’attitude des élèves face aux apprentissages en général. Dans la deuxième partie nous rendrons compte de la matrice méthodologique proposée à l’équipe enseignante pour refonder leurs pratiques pédagogiques à partir de l’oralité. Nous faisons le pari que les adolescents vont s’emparer du langage sifflé parce qu’il implique ce « transcodage » dont nous parlaient les philosophes et que notre époque pratique en permanence. En pratiquant le langage sifflé les adolescents s’inscrivent dans une histoire qui leur permet de mieux comprendre le territoire qu’ils habitent. Le langage sifflé dépasse la fonction d’outil de communication pour devenir vecteur d’énaction propice à l’adaptabilité de ces jeunes du 21ème siècle parfaitement conscients de leur inscription dans un monde en mouvement.