La Campanie, plaque tournante du trafic de déchets - HAL Accéder directement au contenu
Article dans une revue Historiens et géographes Année : 2008

La Campanie, plaque tournante du trafic de déchets

Résumé

Naples et sa région sont devenues la plaque tournante du trafic de déchets dans la péninsule italienne. En l’espace de deux décennies, la Camorra est parvenue à prendre le contrôle de la filière campanienne de traitement des déchets, au point d’y introduire un mode de régulation informel qui s’est progressivement substitué au mode de régulation légal. Ce trafic témoigne tout d’abord de la capacité de la Camorra à criminaliser tout un secteur d’activité. Il montre ensuite combien elle est une source majeure d’interférences non seulement dans la gestion des territoires au quotidien mais aussi dans leur aménagement. Sa capacité à orienter la conduite de l’action publique, via notamment la corruption, fait d’elle un acteur à part entière du jeu territorial. Au-delà de son aspect criminel, ce trafic dévoile enfin comment différents acteurs, à partir d’un même espace, peuvent produire des territoires multiples (légaux et illégaux, administratifs et criminels), disjoints ou superposés, conflictuels ou complémentaires. Comment la criminalité camorriste a-t-elle introduit un fonctionnement parallèle du territoire ? Comment ce fonctionnement parallèle s’est-il consolidé ? Ce sont là les deux interrogations autour desquelles ce texte est construit. Si ce fonctionnement apparaît comme parallèle parce qu’il s’inscrit en-dehors du cadre légal, il ne doit en aucune façon être considéré comme marginal dans la mesure où il s’est substitué à un service public largement défaillant. La longévité de ce trafic et son ampleur s’expliquent précisément parce qu’il a rétabli une forme d’équilibre dans un système bloqué. Le texte revient dans un premier temps sur les conditions dans lesquelles le trafic de déchets a pris forme et la manière dont il a évolué. Nous verrons alors qu’il a émergé sous l’impulsion de deux facteurs. Aux dysfonctionnements persistants enregistrés dans la gestion des déchets (un mode de gestion que les pouvoirs publics campaniens n’ont pas su réformer) est venu s’ajouter le recours à un dispositif d’action publique qui crée un état d’exception permanent propice aux infiltrations criminelles. La deuxième partie s’intéresse aux formes sous lesquelles le trafic de déchets s’est développé. L’abandon sauvage des déchets dans l’arrière-pays napolitains a progressivement cédé la place à des opérations plus élaborées au point que, parfois, le trafic s’inscrit dans une véritable chaîne de production de richesses criminelles. Le texte s’achève en montrant que ce trafic dépasse largement les seules frontières de la Campanie et qu’il touche désormais bien d’autres régions de la péninsule. Cette diffusion du trafic va de pair avec une diffusion de la criminalité camorriste dans des régions où, historiquement, elle est sinon absente du moins présente de manière extrêmement lâche. Le trafic de déchets se révèle un vecteur d’expansion territoriale de la criminalité camorriste.
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Dates et versions

hal-01117793, version 1 (17-02-2015)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01117793 , version 1

Citer

Fabrizio Maccaglia. La Campanie, plaque tournante du trafic de déchets. Historiens et géographes, 2008, p. 125-135. ⟨hal-01117793⟩
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Dernière date de mise à jour le 20/04/2024
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