Nouvelles techniques commerciales, bancaires et financières (XVe - XVIIIe siècle)
Résumé
L’essor du commerce mondial entre le XVe et le XVIIIe siècle, centré sur l’Europe, offre une infinité de nouvelles possibilités. Le moteur de ce dynamisme inventif repose sur la recherche de profits importants et sûrs, tout en sachant que les expéditions maritimes lointaines demeurent longues et coûteuses. Les bourgeoisies marchandes et les États explorent donc de nouvelles solutions afin de limiter les risques et d’optimiser les profits. La mise en place de ces nouveaux procédés s’avère très technique et devient le domaine réservé d’une élite peu nombreuse et jalouse de ses prérogatives. Sans entrer dans des détails inutiles, il faut comprendre les bases de ces pratiques et les replacer au cœur des sociétés et des pouvoirs de l’époque. En effet, ces nouvelles techniques commerciales, bancaires et financières expliquent en grande partie la domination européenne sur le monde, tout autant que les vastes flottes de navires mobilisés.
Le contexte monétaire général, valable à l’échelle planétaire, est celui d’une prédominance de la monnaie métallique (or, argent, bronze, cuivre…). Cet instrument s’avère peu pratique, car lourde et peu discrète la monnaie métallique circule lentement en suscitant de nombreuses convoitises. De plus, cette masse de monnaie métallique augmente considérablement pendant la période avec les importations d’or et d’argent d’Amérique. « Selon les données officielles, dix-huit mille tonnes d’argent et deux cents d’or furent transférées d’Amérique en Espagne entre 1521 et 1660 ; selon d’autres estimations, le double ». Cet afflux stimule et facilite les échanges, mais, paradoxalement, le pays qui reçoit, de loin, la plus importante partie de ces espèces sonnantes et trébuchantes, l’Espagne, n’est pas celui qui triomphe économiquement pendant cette période, bien au contraire. Les pays qui prospèrent à partir du XVe siècle sont davantage ceux qui ne possèdent pas de colonies riches en mines d’or et d’argent. Ces pays se démarquent par leur capacité à inventer des nouvelles techniques de paiement et de financement. Les Pays-Bas, et en particulier Anvers puis Amsterdam, jouent un rôle majeur dans cette évolution, en prenant le relais des premières innovations imaginées en Italie du Nord.
Ces nouvelles techniques s’intitulent : lettre de change, chèque, compensation, ou clearing, billets de banque, sociétés par actions, sociétés anonymes… Monnaie papier, papier monnaie et monnaie scripturale (sur laquelle on écrit littéralement) constituent le premier ensemble novateur. Ensuite, la constitution d’associations afin de réaliser de gros investissements sans y risquer toute sa fortune correspond à une autre forme de modernité financière complexe.
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