Edward Bond en débat – Théâtre de l’aporie ou aporie du théâtre ? - HAL Accéder directement au contenu
Communication dans un congrès Année : 2009

Edward Bond en débat – Théâtre de l’aporie ou aporie du théâtre ?

Résumé

En 2006, douze ans après la création par Alain Françon, dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes, des Pièces de guerre (1985) qui contribuèrent le faire connaître au public français, le Festival d’Avignon mettait de nouveau à l’honneur Edward Bond dont quatre pièces récentes étaient portées à la scène. Tandis que Jérôme Hankins proposait une représentation du Numéro d’équilibre (2006), Alain Françon mettait en scène Si ce n’est toi (2000) et Chaise (2002). Cette nouvelle édition du Festival d’Avignon était toutefois surtout marquée par la création de Naître (2006), pièce inédite mise en scène, une fois encore, par Alain Françon. Exposant, à l’instar d’autres pièces du dramaturge britannique, un monde ravagé par la guerre, Naître a été à l’origine, au cours de l’été 2006, d’un débat sur la violence au théâtre nourri de la représentation, au cœur de la pièce, du meurtre d’un enfant par des militaires –l’un d’entre eux écrase, sous les yeux de sa mère, le crâne du bébé contre un mur de boucliers que forment les autres militaires. Confrontés à cette image insoutenable encore accentuée par le traitement extrêmement réaliste de cette séquence dans la mise en scène d’Alain Françon, de nombreux spectateurs ont quitté la salle le soir même de la première représentation. Parmi eux, j’ai longtemps hésité à en faire de même. Non pas que la représentation de l’infanticide m’ait particulièrement choqué : spectateur assidu, j’ai pris l’habitude d’être bien souvent « agressé » – pour reprendre un terme d’Edward Bond – par les pièces de certains auteurs contemporains qui entendent représenter toute la violence du monde non sans faire violence au public. Mais je me révélais être en profond désaccord avec la représentation de cette violence qui me semblait, au final, dépourvue du moindre enjeu, qui m’apparaissait absolument gratuite. Au sortir du spectacle, une nécessité s’imposait : il me fallait m’expliquer à moi-même l’œuvre d’Edward Bond, cette œuvre majeure développant, depuis plus de quarante ans, l’un des projets dramatiques les plus ambitieux de notre époque. Les nombreux ouvrages critiques qui lui ont été consacrée ne suffisaient plus, et ce d’autant plus qu’ils ignorent les pièces les plus récentes. Il me fallait, à mon tour, prendre le risque de l’interprétation. Cette communication se propose de retracer l’histoire de cette difficile interprétation – interprétation qui a finalement donné lieu à la rédaction d’un chapitre de ma thèse. C’est qu’il ne s’agissait en aucun cas pour moi de plier l’œuvre à ma perspective mais d’essayer de comprendre, par une étude approfondie des pièces et des écrits théoriques récents d’Edward Bond, ce qui fondait mon désaccord avec ce projet dramatique. Il me fallait garantir l’intégrité de l’œuvre pour que puisse avoir lieu un débat finalement resserré autour d’une notion chère au dramaturge britannique : élabore-t-il, ainsi qu’il l’affirme lui-même, un théâtre de l’aporie, un théâtre qui affronte l’aporie ou ses pièces témoignent-elles au contraire d’une aporie du théâtre, de son épuisement dans la violence ? Il me semble que ce débat qui m’est tout personnel pourrait contribuer à penser le risque de l’interprétation que vous vous proposez d’explorer lors de cette journée d’études.
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  • HAL Id : hal-02614497 , version 1

Citer

Sylvain Diaz. Edward Bond en débat – Théâtre de l’aporie ou aporie du théâtre ?. Le Risque de l’interprétation (Journée d'étude), 2009, Lyon, France. ⟨hal-02614497⟩

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Dernière date de mise à jour le 07/04/2024
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