Julien Gracq et « L'esprit de l'Histoire »
Résumé
Il est une question sur laquelle la critique gracquienne ne s'aventure que rarement, prudemment même, sinon à petits pas : c'est la question idéologique. L'oeuvre de Gracq serait celle d'un poète de la langue, d'un écrivain pétri de littérature, habité par les grandes oeuvres romantiques-Chateaubriand-, le romanesque de Stendhal, les audaces de Lautréamont et le magnétisme de Breton ; celle d'un géographe attentif aux paysages, aux émotions qu'ils suscitent comme aux raisons géologiques et botaniques qui les fondent. Mais ce que lui-même appelle « le continuum » Histoire-géographie (OC II, p, 730) 1 est bien souvent amputé par les commentateurs : la part accordée à l'Histoire est moins souvent mise en lumière. Même Le Balcon en forêt qui pourtant s'inscrit précisément dans la « drôle de guerre » est fréquemment ramené à une latence propice aux rêveries, à l'expérience d'une ample forêt, Brocéliande des Ardennes, et du désir pour Mona, la sylphide qu'elle dissimule et dévoile. Il est vrai que Julien Gracq récuse la littérature « engagée », déclare n'avoir jamais voulu « agir sur[ses]
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