Sur l'effacement du modèle de la constitution mixte dans les discours italiens de la raison d'État: Botero, Boccalini et Zuccolo
Résumé
La ‘raison d'État' naît chez des auteurs qui ne croient plus en l'idée selon laquelle la conservation des États dépend d'abord et avant tout de la qualité de leurs institutions. Ce désenchantement ne peut être compris si l'on s'en tient au seul niveau théorique, sans s'attacher à replacer les textes de l'époque dans le “siècle de fer” qui en fut le creuset. La raison d'État répond à l'exigence pratique de neutraliser des facteurs de destruction de l'ordre politique considérés comme autrement plus puissants qu'une mauvaise conception des institutions ou des régimes : les guerres civiles de religion. Il ne s'agit plus, ici, d'“humeurs” opposées au sein de la cité, qu'un système constitutionnel bien tempéré réussirait à équilibrer, mais d'une rupture profondément destructrice qui mine l'existence même de tout ordre politique. La réflexion sur la constitution mixte ne peut alors apparaître que trop subtile et artificielle. Si certains auteurs italiens y ont recours, c'est le plus souvent dans le cadre de l'orthodoxie philosophique de l'aristotélisme et, dans une logique proprement catholique et romaine, afin de réfuter Bodin, au moment où sa pensée acquiert une dimension européenne et italienne.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)