La compétence linguistique peut elle être une mesure de la compétence politique ?
Abstract
Les travaux récents sur la compétence politique ont attiré l'attention sur la dimension discursive voire dialogique de cette compétence (Blondiaux, 2007). Ils invitent à moins se focaliser sur la mesure de la connaissance par questionnaire des institutions politiques, compétence dite " cognitive " , fortement liée au niveau scolaire, et à davantage s'intéresser aux " compétences requises pour s'exprimer convenablement dans l'espace public " (Talpin, 2010). La question de la mesure de cette compétence doit-être alors reconsidérée : soit elle apparaît sans objet , l'essentiel étant de rendre compte des trajectoires individuelles d'acquisition des compétences pratiques mobilisées en situation de prise de parole en privilégiant une approche ethnographique, soit, considérant que la question de la mesure de l'évolution ou des variations collectives de la compétence politique est toujours à l'agenda, elle doit désormais s'attacher au langage, retrouvant une partie des préoccupations des sociolinguistes (Calvet, 1993). Des dispositifs d'enquête par sondage, comportant des questions fermées et ouvertes, où l'ensemble des interactions enquêteurs/enquêtés est enregistré et soumis à des analyses de statistiques lexicales semblent adaptés à ces questions de recherche. La communication se propose, à partir d'une définition lexicale, syntaxique et pragmatique de la compétence linguistique, de montrer différentes stratégies d'analyse de ces discours prenant en compte les interactions, le rôle des différents types de mots-outils (pour l'étude de l'argumentation et des jugements) et la dimension sémantique (vocabulaire des émotions). Nous nous appuierons sur l'analyse de deux enquêtes : l'une mesurant la variation de la compétence linguistique dans le temps lors de la dernière campagne présidentielle (Brugidou et Moine 2008), l'autre évaluant les variations de compétences linguistiques selon différents types d'objet de discussion publique (tri des déchets, économie d'énergie, Brugidou et Moine 2010).