Emotion et propagande autour de la mort du prince de Condé (Jarnac, 13 mars 1569)
Résumé
This communication discusses the emotive impact, on the Catholic side, after the death of Louis de Bourbon, prince of CondÈ, killed during the battle of Jarnac (1569). It focuses on the celebrations, the apologetic discourses and printed literature glorifying the death of this Prince of the Blood, which is perceived as the beginning of the extinction of the Reform in France. In this perspective, it analyses the effort to strengthen the Catholic mobilization in the context of war, when, on the contrary, the Protestant side sees the assassination of the Protestant leader as un clear sign of the radicalization of violence, aiming at its destruction.
La mort de Louis Ier de Bourbon, prince de Condé, est d'abord vécue comme un coup de théâtre, une nouvelle exceptionnelle qui se répand comme une traînée de poudre. Elle est rapidement interprétée et exploitée par les catholiques zélés comme un signe divin manifestant, peut-être encore davantage que la victoire militaire qui l'accompagne, l'agonie du protestantisme dans le royaume. Privé de sa tête, ainsi que l'explique le jésuite Emond Auger, le serpent de l'hérésie ne peut pas tarder à trépasser. Aussi donne-t-elle lieu, dans le camp catholique, à diverses célébrations, festives et urbaines, et à une masse importante de discours apologétiques, qui manient l'émotion, déjà mobilisée sur le champ de bataille avec l'exposition macabre de la dépouille, comme un outil pour rejouer la déchéance d'un prince du sang. Cette propagande joue ainsi un rôle clef dans la mobilisation catholique militante, alors qu'elle est inversement ressentie par le camp protestant comme un signe supplémentaire de la radicalisation d'une violence, notamment guerrière, visant à leur destruction.