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Ouvrages Année : 1989

Logique et théorie du signe au XIVe siècle

Résumé

Cet ouvrage se propose d'étudier le changement qui s'accomplit au XIVe siècle dans le rapport de l'intellect au monde. Si cette mutation avait de longue date été signalée, ce livre en propose une interprétation nouvelle en la faisant reposer sur une certaine conception du signe et sur la place nouvelle donnée à l'analyse sémiologique dans les questions épistémologiques et métaphysiques. A la fin du XIIIe siècle, en effet, se fait jour une théorie du signe et de la signification qui, par une réélaboration des principaux concepts sémantiques, renouvelle toute l'analyse logique du langage. La première partie étudie " le tournant ockhamiste ". Un chapitre liminaire rappelle comment, dans certaines théories anglaises de la fin du XIIIe siècle, les analyses sémiologiques qui jusque là avaient surtout été développées en théologie se trouvent investies dans les théories proprement logiques, et comment le statut du concept change en étant lui-même considéré comme signe et non pas comme objet de signification. Puis cette partie étudie la théorie du signe exposée par Guillaume d'Ockham (vers 1285 - 1347). Elle expose les éléments de sémiologie tels qu'ils sont mis en place au début de la Somme de logique : division des signes en signes écrits, parlés et mentaux, signes naturels et signes conventionnels, termes significatifs par eux-mêmes (dits " catégorèmes ") et termes co-significatifs (" syncatégorèmes "), termes abstraits et termes concrets. En même temps, la théorie ockhamiste est comparée avec la théorie d'Augustin, qui a durant des siècles servi de référence pour toutes les théories médiévales du signe, notamment en théologie ; il s'agit d'insister sur le statut signifiant des concepts, qui deviennent les signes à titre premier auxquels les signes parlés sont subordonnés, et d'articuler cela avec la théorie du langage mental, qui traite le champ des concepts comme un ensemble d'unités signifiantes, organisées selon les règles d'une syntaxe logique et porteuses de propriétés sémantiques. Dans le chapitre suivant, sont examinés les principes de la sémantique ockhamiste, la théorie de la signification et de la " supposition " - c'est-à-dire de la référence des termes en contexte propositionnel. On insiste sur le fait que la signification est redéfinie comme référence potentielle du terme dans une perspective extensionnelle qui s'appuie sur une ontologie de la singularité (le " nominalisme "). Enfin, un chapitre montre comment ce concept de signe mis en place au début de la Somme de logique est systématiquement investi dans les analyses qui suivent : théorie de l'universel, théorie des catégories et des transcendantaux, théorie de la vérité. C'est ce que j'ai appelé, pour faire court, une " logique du signe ". Une seconde partie suit les échos, directs ou indirects, de cette sémantique et de l'analyse logique qu'elle permet chez un certain nombre d'auteurs du XIVe siècle, en cherchant à caractériser la position de chacun par rapport à ces nouveautés et aux enjeux qu'elles véhiculent. Sont ainsi examinés Jean Buridan, nominaliste parisien à bien des égards proche des principes ockhamistes, mais issu d'une tradition différente ; Gautier Burley qui polémique souvent avec Guillaume d'Ockham d'un point de vue réaliste (il défend le réalisme des natures communes, des catégories, et du signifié propositionnel) ; Albert de Saxe et Marsile d'Inghen, au milieu du siècle ; Pierre d'Ailly dans les années 1370. On montre qu'une telle théorie logique du signe prend place dans toute une mutation du savoir, en ce siècle où la crise profonde du monde médiéval appelle une autre conception des rapports entre l'homme, les choses extérieures et le langage.

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halshs-00862023, version 1 (15-09-2013)

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  • HAL Id : halshs-00862023 , version 1

Citer

Joël Biard. Logique et théorie du signe au XIVe siècle. Vrin, pp.344, 1989, " Études de Philosophie médiévale ", 2-7116-0990-1. ⟨halshs-00862023⟩
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Dernière date de mise à jour le 20/04/2024
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