Campanella, Urbain VIII et le procès de Gerolamo Vecchietti: une définition doctrinale éclipsée
Abstract
Dans ses lettres écrites depuis la France au pape et au cardinal Francesco Barberini, Tommaso Campanella affirme avoir joué un rôle essentiel lors du procès de Gerolamo Vecchietti. La principal chef d'accusation dans ce procès, instruit par le Saint-Office romain entre 1622 et 1628, a été le fait d'avoir nié que le Christ, à la veille de sa passion, aurait célébré la Pâque avec ses apôtres en mangeant l'agneau selon le rite juif. Grâce à la documentation conservée, une reconstitution fine de la chronologie permet de formuler quelques hypothèses quant au rôle joué effectivement par Campanella et de reconstituer les enjeux d'une procédure bien particulière. En effet, le procès aboutira en 1628 à la rédaction, par la plume du dominicain Niccolò Riccardi, d'un décret doctrinal prononcé par Urbain VIII, mais qui ne sera jamais promulgué, tandis que Vecchietti ne sera libéré qu'en 1633, sans qu'il ait dû abjurer ni se rétracter.