La prison de " desconfort ". Remarques sur la prison et la peine à la fin du Moyen Age
Résumé
Il est bien connu que la prison n'a pas été conçue autour d'une fonction pénale à la fin du Moyen Age. Pour bien des historiens, la prison séculière médiévale n'était pénale qu'occasionnellement, en raison de sa disponibilité, mais cet usage pénal n'était qu'un usage adventice d'un lieu destiné à autre chose par la procédure pénale ou par le droit des contrats . Seul le " mur " de l'Inquisition constituerait à partir du XIIIe siècle une exception permanente à ce caractère généralement accessoire de la prison dans l'arsenal pénal. Trois explications concourraient à rendre compte de ce caractère : le legs romain de l'association étroite entre servitude et privation de la liberté, la conception féodale d'une justice considérée comme une exaction profitable au seigneur justicier, comme une source de revenus, l'avènement progressif d'une justice exemplaire et spectaculaire qui s'en prend au corps pour le supplicier aux yeux de tous. On a en conséquence interprété les cas effectifs d'emprisonnement pénal, apparemment de plus en plus nombreux à partir du XIIIe siècle, comme l'effet de deux évolutions : une influence canonique sur les justices séculières et l'affirmation de l'arbitraire du juge.Trois ensembles de précisions à cette archéologie médiévale de la privation de liberté sont proposés dans cet article : les voies de la " pénalisation " rampante de l'emprisonnement à la fin du Moyen Age, la manière dont la peine de prison était alors conçue, voire codifiée, et dont elle fut mise en pratique, c'est-à-dire " mise en durée ".
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