" Marguerite, Marina, Beryl et les autres : les femmes du président, les femmes de l'assassin dans Libra, de Don DeLillo " - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2003

" Marguerite, Marina, Beryl et les autres : les femmes du président, les femmes de l'assassin dans Libra, de Don DeLillo "

Résumé

Cet article est consacré aux personnages féminins d'un roman centré sur une histoire d'hommes-- la vie et la mort de Lee Harvey Oswald, assassin présumé du président Kennedy. Dans Libra, la mère, la femme et les filles d'Oswald côtoient les femmes des comploteurs (Beryl Parmenter et Mary Frances Everett) et croisent le chemin de Jackie Kennedy et Nelly Connally, les épouses des deux hommes politiques abattus à Dallas. Bien qu'essentiellement confinées à la sphère domestique, ces personnages féminins jouent un rôle capital dans le roman qui montre la voie au lecteur. En effet, si les hommes dans Libra sont au cœur de l'action (bien que le texte se plaise à souligner à quel point ils sont toujours étrangement décalés par rapport à ce qui se passe et qui ne correspond jamais à ce qu'ils avaient prévu), aux femmes semble être dévolue la tâche d'enregistrer le réel, d'en archiver les données. Bien qu'extérieures aux divers complots en jeu dans le roman, elles se trouvent toujours d'une façon ou d'une autre dans le cadre de l'action, un cadre plus médiatique qu'historique. En effet, parce que les actions de Libra sont toujours médiatisées par l'image (photographies et films des différents assassinats), les personnages féminins trouvent la possibilité de voir et revoir des actions qu'elle décortiquent à l'infini. Berryl Parmenter, encadreuse de profession, analyse ainsi longuement la scène où Oswald est abattu, pour le plus grand bénéfice du lecteur. Les hommes du roman vivent dans le secret de l'Agence, des complots ourdis et des mots de passe ; ils évoluent naturellement dans les mensonges, les documents maquillés, les langages doublement codés. Obsédés par l'idée de fabriquer l'Histoire mais conscients qu'ils n'en auront toujours qu'une partie entre les mains, que les pièces essentielles demeurent inaccessibles, ils la rendent illisible, indicible (à l'image du rapport impossible de Branch) et paradoxalement demeurent à la surface des choses. Les femmes, par contre, dans leur lecture obsessionnelle (Beryl Parmenter) ou paranoïaque (Marguerite Oswald) du monde, traduisent les motivations secrètes des hommes et, en recadrant et superposant différentes visions des choses, accèdent à " un autre type de savoir ", qui passe par un décryptage subjectif des reflets du réel. En cela, elles pointent un mode de lecture du roman.
Fichier non déposé

Dates et versions

halshs-01057608 , version 1 (24-08-2014)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-01057608 , version 1

Citer

Sophie Vallas. " Marguerite, Marina, Beryl et les autres : les femmes du président, les femmes de l'assassin dans Libra, de Don DeLillo ". François Happe. Don DeLillo, Presses de Montpellier 3, pp.123-141, 2003, Profils américains n°16. ⟨halshs-01057608⟩
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