Mémoire et politique
Abstract
Les premières années d'après-guerre ont vu fleurir les publications consacrées au mouvement résistant, et cela toutes tendances confondues. La majorité de ces publications étaient précisément des témoignages, des souvenirs de résistants. Peu de ces travaux représentent des sources fiables; néanmoins, l'édition d'oeuvres plus élaborées et plus fiables pouvait n'être qu'une question de temps. Après février 1948 et le profond bouleversement que connut la Tchécoslovaquie, seuls les travaux consacrés à la résistance communiste - à quelques rares exceptions - pouvaient être publiés. Le contenu était lui-même fréquemment et délibérément déformé, afin que les gens, la nation, ne retiennent que quelques noms, quelques héros d'une seule sensibilité politique. Ensuite, la recherche de l'ennemi de classe a engendré la discrimination, voire le jugement, d'un grand nombre de militants pour la liberté, ceux notamment qui avaient lutté à l'Ouest; puis la lutte contre l'ennemi de classe s'étendit même à certains résistants issus des organisations communistes. La peur des persécutions amena beaucoup de résistants actifs à refuser tout dialogue avec les historiens. Dans cet article, l’auteur se pose ainsi la question des sources historiques et de la légitimité du témoignage direct, et appelle les pouvoirs politiques à mieux respecter la vérité historique et les sources.
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