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Communication Dans Un Congrès Année : 2014

Les "lunettes", le "petit balai", et la "chaire brûlante": trois images de la prudence dans les allégories politiques de Léonard de Vinci pour Ludovic le More

Marco Versiero

Résumé

Vers la fin du XVe siècle Léonard est à Milan, à la cour des Sforza, Ludovic le More étant son commanditaire: pour lui, l’artiste réalise de nombreuses représentations à caractère politique, destinées souvent à corroborer la propagande liée à la position difficile et ambivalente du More, avant la mort de son neveu Gian Galeazzo (1494), qui était le Duc légitime. Les principaux entre ces allégories sont celles aujourd’hui conservées au Musée Bonnat de Bayonne (inv. 656), à la Christ Church d’Oxford (inv. JBS 18 [0037]) et sur une page du Codex Arundel au Musée Britannique de Londres (f. P 8 [autrefois 250] recto). L’imagination géniale de Léonard crée une interprétation dynamique des symboles héraldiques (ceux du milieu familial comme ceux concernants spécifiquement la personne et les vicissitudes de Ludovic), grâce à une relecture conceptuelle d’eux, à la lumière de la sémantique de la prudence comme vertu de la conduite politique. On sait que l’appellatif de «More» avait été mis en rapport avec le mûrier, qui, selon une tradition ancienne, symbolisait une attitude prudente en poussant ses bourgeons. Léonard, qui employera les mûriers dans sa décoration picturale d’une grande salle du Chateau Sforza, met une branche de cette plante dans la fouet symbolique (comprenant un «petit balai» ou brosse pour les habits, en référence à l’intention du More de «nettoyer» l’Italie des envahisseurs), que la Prudence à deux visages, escortée par la Justice, agite en défendant un coq («gallazzo» selon le dialecte Lombarde, c’est-à-dire une allusion au nom de Galeazzo) contre les ennemies (dessin d’Oxford, 1485-88, probablement un projét pour un cortège publique). À cette fonction tutélaire du More vers le neveu (et l’État de Milan) succède, après la mort de Galeazzo et l’acquisition officielle du titre de Duc par Ludovic, l’essai de disculper ce dernier de l’accusation de meurtre et usurpation politique: dans le dessin de Bayonne, conçu comme preparatoire à une médaille commémorative, Ludovic est transfiguré dans les traits e le costume d’un «souverain more» (une sorte de pharaon), dont l’attitude prudente est métaphorisée par les lunettes (emblème de vue dirigée en distance, donc de prudence comme capacité de prévision), au moyen desquelles il démasque la calomnie (l’étendard avec un coq transpercé par une flèche, exhibé par une personnification de l’Envie). La série de croquis et annotations du Codex Arundel se réfère à une fête organisée par le beau-fils de Ludovic, Galeazzo Sanseverino, à l’occasion du mariage politique avec Beatrice d’Este (1491): les ornements allégoriques d’un des chevaliers de la joute comprennent un bouclier avec la Prudence assise en «chaire brûlante», une devise qui fait allusion à l’intronisation en un gouvernement périlleux.
Fichier non déposé

Dates et versions

halshs-01383015 , version 1 (18-10-2016)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-01383015 , version 1

Citer

Marco Versiero. Les "lunettes", le "petit balai", et la "chaire brûlante": trois images de la prudence dans les allégories politiques de Léonard de Vinci pour Ludovic le More. Représenter le pouvoir. Images du pouvoir dans la littérature et les arts, Nov 2009, Lille, France. ⟨halshs-01383015⟩

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