Le Do-It-Yourself. Radicalités et limites de l’autonomie des pratiques culturelles
Résumé
À première vue, le « do-it-yourself » (fais-le-toi-même) semble
représenter une radicalité forte. Mise en avant par le punk, cette
pratique consiste à renoncer à passer par les instances
dominantes des industries culturelles pour promouvoir une
appropriation tant des moyens de production que de diffusion. Ces
processus représentent de la sorte une expérience de l’autonomie,
d’autant plus intéressants qu’ils concernent aujourd’hui une
palette de producteurs artistiques bien plus large que le seul cas
des scènes punks ou autres. Bien plus, ce terme semble pouvoir
s’appliquer à des pratiques qui excèdent le seul milieu culturel,
comme le militantisme, l’autogestion mais aussi les pratiques de
consommation. Le « do-it-yourself » est ainsi actuellement repris à
différentes sauces, qu’il s’agisse de cuisine, de décoration ou autre.
Une telle généralisation est un indice que la « radicalité » de ces
pratiques doit subir une « critique impitoyable ». Les limites de
l’émancipation par le « do-it-yourself » concernent notamment sa
tendance au localisme, sa capacité à faire bouger les rapports de
force, à remettre en cause la domination dans la répartition
sociale des moyens de production. Elles sont également relatives à
sa récupération par le système capitaliste contemporain, qui se
satisfait parfaitement de sa dimension culturelle. Dans cette
optique, le « do-it-yourself » ne finit-il pas par représenter une
résignation dans « les moyens du bord » et une maximalisation du
capital personnel à disposition ?