Questionner la valeur des interventions à partir des conceptions ontologiques qu'elles portent
Résumé
Les interventions et les modèles d'évaluation dominants celles-ci, particulièrement dans le champ de l'intervention ergonomique pour la prévention des TMS, portent implicitement une ontologie réaliste de l'activité. Les critères d'évaluation associés disqualifient ou négligent les dimensions relationnelles pourtant au coeur de la pratique des ergonomes. Ainsi un fossé existe entre ce que disent les revues de littérature sur l'efficacité des interventions ergonomiques et l'expérience d'intervenir que construisent les praticiens.
Nous montrons que l'ergonomie elle-même n'est pas toujours sans ambiguïté quand à l'ontologie qu'elle promeut et donc l'activité qu'elle analyse et cherche à transformer. Questionner la relation entre écologie humaine et ergonomie impose cette clarification ontologique : qu'est-ce qu'est "être au travail" ? Qu'est-ce qu'est "être ergonome" ?
Dans une certain continuité avec l'ergonomie contradictorielle de Cazamian, nous défendons la pertinence d'une ontologie relationnelle pour rendre compte de la valeur des interventions ergonomiques. L'expérience d'intervenir doit y tenir une place centrale et l'intervention y est enquête, au sens de Dewey.
Pour mieux connaître les interventions, les optimiser et les disputer, un travail de modélisation de l'évaluation des interventions selon une ontologie relationnelle est nécessaire. Ce projet s'inscrit dans la continuité des propositions en recherche évaluative qui fondent l'évaluation des interventions complexes (que sont les interventions ergonomiques) dans leur capacité à éclairer des décideurs.