Contribution de l’analyse de scène auditive à l’analyse de la performance
Résumé
L’analyse de la performance de musiques savantes écrites des XXe–XXIe siècles pose des problèmes méthodologiques spécifiques à ce répertoire (Lalitte, 2015). Cette communication se donne pour objectif d’examiner en quoi les concepts de l’analyse de scène auditive (Bregman, 1990) peuvent être exploités pour l’analyse de la performance d’œuvres du répertoire précité. McAdams (2015) distingue trois types de groupement impliqués dans la formation d’une scène auditive : 1) le groupement simultané qui permet d’organiser la surface acoustique en événements distincts, 2) le groupement séquentiel qui intègre en flux auditifs les événements successifs, 3) le groupement par segmentation qui découpe les flux d’événements en cellules, motifs et phrases. Afin de réaliser les processus de groupement, le système auditif utilise de façon heuristique un certain nombre d’indices pour procéder à ces groupements. On peut supposer que la perception qu’a l’auditeur d’une performance est, en partie, déterminée par l’interaction entre ces processus « ascendants » (automatiques/inconscients) et des processus « descendants » (attention, mémoire à court et long terme). Il s’agira d’une part de déterminer les concordances possibles entre les indices de groupement et les paramètres manipulés par l’interprète (tempo, dynamique, articulation, phrasé, vibrato, timbre, synchronisation…) et d’autre part de comprendre comment ces facteurs interagissent avec les processus descendants pour former une image auditive de la performance. Les hypothèses théoriques seront illustrées par quelques exemples pris dans le répertoire du XXe siècle.