Echange et valeur dans une économie non monétaire : les Toubou du Sahara - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Pré-Publication, Document De Travail Année : 2006

Exchange and value in a non-monetary economy: the Tubu of the Sahara

Echange et valeur dans une économie non monétaire : les Toubou du Sahara

Résumé

Since Appadurai, the politics of value has studied the social processes that determine value in exotic societies as well as in our own. It assumes that it is the exchange between people (marked as much, if not more, by processes of power and ideological manipulation as by the need for scarcity) that determines value and not the other way around. In this respect, the study of the rules and evolution of world-systems, undertaken by certain researchers such as Philippe Beaujard, is particularly enlightening. But not all human societies are included in a world-system, some remain on the fringes. In this respect, they constitute counter-examples which, from a theoretical point of view, are all the more useful for the analysis of the factors at work in the creation of value, whether of material goods or of people. It is to one of these societies, which has remained on the sidelines, that we are interested here, that of the Tubu. This people of nomadic herders occupies a quarter of the Sahara, between Lake Chad and Libya. We propose to develop a three-stage analysis of them, which will lead us to some remarks on the notion of value among these Sahelian-Saharan pastoralists. Firstly, we will show how it can be said that they are still very much on the fringes of the world-system and the market economy that characterises it. Secondly, we will see that this marginal position does not prevent them from having an economy in the full sense of the term. It is undoubtedly closed in on itself, and operates according to rules that have nothing to do with mercantile logic. But it is nonetheless an economy based on exchange. As these pastoralists have no other wealth than their animals, it is the livestock that they exchange. Livestock transfers are carried out according to specific circuits that we will highlight. They are so essential that they can be considered as the main engine of production, both for families and for herds. These transfers determine both the rights over the animals and the status of individuals, since the social weight of each individual depends to a large extent on his prerogatives over the livestock. We will thus show how, among these nomads, the value of people is intrinsically linked to the value of things.
L’anthropologie de la valeur (politics of value) étudie, depuis Appadurai, les processus sociaux qui déterminent la valeur, tant dans les sociétés exotiques que les nôtres. Elle part du principe que c’est l’échange entre les hommes (marqué autant, sinon plus, par des processus de pouvoir et des manipulations idéologiques que par le besoin lié à la rareté) qui détermine la valeur et non l’inverse. A cet égard l’étude des règles et de l’évolution des systèmes-monde, entreprise par certains chercheurs comme Philippe Beaujard, est particulièrement éclairante. Mais toutes les sociétés humaines ne sont pas englobées dans un système-monde, certaines restent à la marge. Elles constituent à ce titre des contre-exemples qui, du point de vue théorique, n’en sont que plus utiles à l’analyse des facteurs à l’œuvre dans la création de valeur, qu’il s’agisse de celle des biens matériels ou de celle des personnes. C’est à l’une de ces sociétés, restée à l’écart, que nous nous intéresserons ici, celle des Toubou. Ce peuple d’éleveurs nomades occupe un quart du Sahara, entre le lac Tchad et la Libye. Nous nous proposons, à leur sujet, de développer une analyse en trois étapes, qui nous conduira à quelques remarques sur la notion de valeur chez ces pasteurs saharo-sahéliens. Nous montrerons d’abord en quoi on peut affirmer qu’ils se situent, encore aujourd’hui, dans une très large mesure à la marge du système-monde et de l’économie de marché qui le caractérise. En second lieu, nous verrons que cette position marginale ne les empêche nullement d’avoir une économie au plein sens du terme. Elle est fermée sur elle-même sans doute, et opère selon des règles qui n’ont rien à voir avec la logique mercantile. Mais elle n’en est pas moins une économie fondée sur l’échange. Comme ces pasteurs n’ont d’autre richesse que leurs animaux, c’est le bétail qu’ils échangent. Les transferts de bétail se pratiquent selon des circuits spécifiques que nous mettrons en évidence. Ils sont si essentiels qu’on peut les considérer comme le principal moteur de la production, à la fois des familles et des troupeaux. Ces transferts déterminent aussi bien les droits sur les animaux que le statut des personnes, car le poids social de chaque individu dépend en bonne part de ses prérogatives sur le bétail. Nous montrerons ainsi combien, chez ces nomades, la valeur des personnes est intrinsèquement liée à la valeur des choses.
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Citer

Catherine Baroin. Echange et valeur dans une économie non monétaire : les Toubou du Sahara. 2006. ⟨halshs-04032093⟩
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