Commerce et stockage des grains dans l'Occident musulman (XII e -XV e siècle)
Résumé
Nul ne doute aujourd'hui que le trafic des grains fut l'activité commerciale la plus importante et la plus intense en Méditerranée médiévale ; elle mobilisa de gros navires de charge et une flotte spécialisée pour approvisionner et nourrir la population nombreuse des grandes villes méditerranéennes 1. Ce trafic n'en demeura pas moins marqué par des variations dans les quantités et dans les provenances, mais aussi par des bouleversements de routes et de courants commerciaux 2. Depuis le XII e siècle, l'Occident musulman (le Maghreb et al-Andalus) n'échappe pas à ce mouvement ; d'une année à l'autre, cette région, qui était pendant l'Antiquité le grenier de Rome, peut se transformer d'exportateur en importateur de grains, en particulier pendant les périodes de soudure, de disettes et de famines, qui se sont multipliées notamment au XIV e siècle. Ces variations ont incité les populations de cette région à développer un savoir-faire millénaire, permettant d'emmagasiner les produits alimentaires, et les pouvoirs qui se sont succédé à prendre les mesures nécessaires pour assurer l'encadrement des prix, le stockage et l'approvisionnement régulier des centres urbains. Dans son enquête sur l'Occident musulman, l'encyclopédiste syrien Ibn Fadl Allāh al-'Umarī (1301-1349) loue les capacités de ces populations à conserver les grains pendant de longues années et cite en particulier les villes de Tlemcen et de Tolède 3. Ces questions de la mise en réserve des récoltes, des modalités de stockage et de distribution des céréales n'ont été que très peu abordées par l'historiographie, faute de fouilles archéologiques et de documentation écrite
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)