BARIDON Michel

Michel Baridon (1926–2009), pro­fes­seur de civi­li­sa­tion bri­tan­nique spé­cia­liste du XVIII^e siècle, enseigne à l’Université de Bourgogne, à Dijon, de 1961 à 1991. Son ensei­gne­ment se fonde sur les idéaux uni­ver­sa­listes du siècle des Lumières, qui se déclinent par­ti­cu­liè­re­ment sous deux aspects : le désir de démo­cra­ti­ser, vul­ga­ri­ser, popu­la­ri­ser les connais­sances pour les mettre à la portée de tous, et la plu­ri­dis­ci­pli­na­rité qui en découle en grande partie. L’apport principal de Michel Baridon consiste dans le décloi­son­ne­ment des études, dans l’effort constant pour tisser des liens entre civi­li­sa­tion, lit­té­ra­ture, langue et esthé­tique, et le soutien à l’interdisciplinarité. Cela le conduit à être à l’origine des études sur les rapports texte/image à l’Université de Bourgogne et à fonder la revue Interfaces, avant de se consacrer entiè­re­ment à l’histoire des jardins.

Formation

Né le 3 novembre 1926 à Lourmel, dépar­te­ment d’Oran (Algérie), Michel Baridon est le fils d’un ins­ti­tu­teur de souche pro­tes­tante et le petit-fils d’un colon viti­cul­teur venu au XIX^ème siècle d’une vallée-refuge des Alpes du sud. En octobre 1942, il entre à l’École normale d’instituteurs d’Oran, puis quitte l’Algérie pour l’ENS de Saint-Cloud à partir d’octobre 1947, suivant des cours à la Sorbonne et passant une année chez une tante en Angleterre. En 1954, après l’ob­ten­tion de l’agrégation d’anglais, commence une carrière de pro­fes­seur de lycée, d’abord à Auxerre, puis, en 1957, à Savigny-sur-Orge. Les évé­ne­ments d’Algérie lui sont une lourde épreuve et le rap­prochent du parti com­mu­niste, un enga­ge­ment auquel il sera loyal pendant une trentaine d’années et avec lequel il prendra ses distances, en douceur, dans les années 1980.

Université de Bourgogne

Il rencontre son épouse lors d’une confé­rence sur l’Algérie, près d’Auxerre, et s’ancre à partir de ce moment en Bourgogne. Le 1^er octobre 1961, il est nommé assistant à la Faculté des lettres de Dijon, appelé dans le Département d’anglais par le pro­fes­seur Henri Talon. C’est là qu’il enseigne la civi­li­sa­tion bri­tan­nique pendant trente ans. Son doctorat d’État, Edward Gibbon et le mythe de Rome : histoire et idéologie au Siècle des Lumières, soutenu en 1974 et publié en 1977, lui permet d’accéder à un poste de pro­fes­seur. Il bénéficie à sa retraite de l’éméritat, qui lui permet de continuer à diriger des thèses (seize en tout).

Il est à l’origine du Centre de recherches « Image, Texte, Langage », qui regroupe aujourd’hui, sous le nom de TIL, l’ensemble des cher­cheurs de l’UFR Langues et Communication de l’université de Bourgogne mais qui est, au départ, créé pour le dépar­te­ment d’anglais. Il lance en 1991 la revue Interfaces, en par­te­na­riat avec le College of the Holy Cross (Massachusetts) et l’Université Paris-VII (aujourd’hui incluse dans Paris-Cité). Il souhaite que la revue soit le reflet des enjeux contem­po­rains sur les études inter­mé­diales.

Engagement 

Son mili­tan­tisme se reflète dans son enga­ge­ment syndical loyal au SNESUP. Il est appelé aussi à siéger au Conseil national des Universités de 1980 à 1991 (11^ème section), et participe acti­ve­ment au fonc­tion­ne­ment des asso­cia­tions de dix-huitiémistes, en par­ti­cu­lier comme vice-président de la Société française d’étude du XVIII^e siècle de 1987 à 1994 et comme secré­taire général de la Société inter­na­tio­nale d’étude du XVIII^e siècle de 1987 à 1995. À ce poste, sous la pré­si­dence de Haydn Mason, il contribue à mettre en place des sémi­naires destinés à inviter des cher­cheurs étrangers, ceux des pays de l’est et ceux des pays du sud, pour encou­ra­ger les échanges globaux sur le dix-huitième siècle. Le séminaire nord/sud, baptisé Séminaire Condorcet, vise à permettre à des cher­cheurs des pays du sud d’approfondir leurs travaux en venant en Europe.

Michel Baridon contribue à la vie des ins­ti­tu­tions où il s’engage en s’impliquant à tous les niveaux, rédigeant par exemple plus de 200 recen­sions d’ouvrages surtout pour Dix-Huitième Siècle. 

Histoire des jardins

A partir de 1985, Michel Baridon se spé­cia­lise dans l’histoire des jardins. Partant de ses études sur les jardins anglais, il va peu à peu modéliser ses connais­sances pour les appliquer à l’examen d’autres types de jardins à d’autres époques, pour démontrer l’impact de la vision du monde, émanation des avancées scien­ti­fiques et des pré­sup­po­sées poli­tiques d’une époque, sur la création paysagère. Il donne des cours à l’École du Louvre de 1999 à 2002, puis devient membre du conseil d’administration de l’Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles en 1999 et du Conseil national des parcs et jardins en 2003. Il rédige alors plusieurs ouvrages très remarqués et on le sollicite lors de réno­va­tions de jardins. Une bourse Michel Baridon d’un montant de 10 000 euros est attribuée annuel­le­ment par la Fondation des parcs et jardins de France pour perpétuer le souvenir de son enga­ge­ment au service des jardins.

Principales publications

Dans le domaine anglophone :

• Baridon, Michel, Edward Gibbon et le mythe de Rome : histoire et idéologie au siècle des Lumières, Champion, 1977, IV-940 p., ill.
• Baridon, Michel, Le gothique des Lumières, et Lovejoy, Arthur O., La redé­cou­verte du gothique, trad. Marie-Odile Bernez, Saint-Pierre-de-Salerne, G. Monfort, 1991, 159 p., ill.
• Defoe, Daniel, Robinson Crusoë, trad. P. Borel, éd. M. Baridon, Gallimard, 2001, 508 p. (« Folio classique », 3510)
• Fielding, Henry, Histoire de Tom Jones, trad. Fr. Ledoux, préf. M. Baridon, ibid., 2007, 1152 p. (« Folio classique », 4623).
• Gibbon, Edward, Histoire du déclin et de la chute de l’Empire romain, trad. François Guizot, pré­sen­ta­tion, chro­no­lo­gie et biblio­gra­phie établies par M. Baridon, Laffont, 1983, 2 vol., XLIV-1187 + 1273 p., ill. (« Bouquins »).

Dans le domaine des jardins et du paysage :

• Baridon, Michel, Jardins de Versailles, photogr. Jean-Baptiste Leroux, Versailles, École nationale supé­rieure du paysage ; Arles, Actes Sud ; Milan, Motta, 2001, 367 p., ill.
• Baridon, Michel, L’eau dans les jardins d’Europe, photogr. Christine Bastin et Jacques Evrard, Wavre, Mardaga, 2008, 214 p., ill.
• Baridon, Michel, Le jardin paysager anglais au dix-huitième siècle, éd. uni­ver­si­taires de Dijon, 2000, 127 p., ill. (« Collection U21 »).
• Baridon, Michel, Les jardins : pay­sa­gistes, jar­di­niers, poètes, Laffont, 1998, 1239 p. (« Bouquins »).
• Baridon, Michel, Naissance et renais­sance du paysage, Arles : Actes Sud, 2006, 413 p.

Sources

Liens

• Notices de la BnF

Crédits illustration

Photographie Gisèle Baridon