En septembre 2023, une « Charte des Humanités en Santé » a été adoptée formellement par la Faculté de médecine d’Ottawa et la Faculté de médecine Lyon Est. Cette charte a été élaborée progressivement, depuis 2019, par un groupe de travail composé de professeurs des deux facultés, d’étudiants et de patients partenaires. Cette charte définit les humanités en santé comme « un champ interdisciplinaire de la médecine incluant les sciences humaines, les sciences sociales, les arts et leurs applications ». Les humanités en santé sont adossées à un « nouvel humanisme » qui met en avant le respect de la personne humaine dans toutes ses dimensions dans un contexte de changements sociaux et enviroannementaux. Dans ce texte, les facultés s’engagent notamment à promouvoir l’enseignement et la recherche dans le domaine des humanités en santé, appréhender l’incertitude et favoriser le débat, encourager l’expression de l’intelligence émotionnelle à travers les arts et la culture, associer les patients à la réflexion pédagogique et à l’enseignement, promouvoir la responsabilité sociale, agir contre les discriminations et assurer un fonctionnement démocratique. Les étudiants s’engagent à respecter la dignité de la personne humaine, à s’organiser pour être disponible et à l’écoute du patient, préserver son indépendance et son libre arbitre, s’impliquer dans le domaine de la responsabilité sociale, s’engager dans l’étude des humanités en santé comme dans les sciences, et reconnaître le rôle fondamental des humanités en santé dans la pratique médicale. Après la présentation de cette initiative et de ce texte, trois pistes de discussion seront proposées dans cette communication. Premièrement, les engagements de cette charte concernent non seulement le corps professoral mais aussi les étudiants. La charge se présente donc comme une forme de convention, ou de contrat, qui pourrait être par exemple symboliquement signé lors de rites de passages (par exemple lors de l’admission dans le cursus de médecine, ou au Canada lors d’une « cérémonie de la blouse blanche »). Comparé à d’autres prononciations rituelles d’intronisation professionnelle (Serment d’Hippocrate), quel est le sens d’un engagement portant sur la période d’enseignement facultaire ? Deuxièmement, la charte formule des engagements qui pourraient sembler aller de soi, puisqu’ils sont cohérents avec les principes et les valeurs des sociétés occidentales démocratiques ou qu’ils découlent logiquement des textes législatifs qui régissent, au Canada et en France, le champ de l’enseignement supérieur ou la santé publique. Pourtant, il a été jugé préférable de les expliciter et d’en faire l’objet d’un engagement supplémentaire de type symbolique. A quel besoin cela répond-il ? Troisièmement, l’enjeu pour cette charte est de savoir comment elle va être mobilisée par les facultés, comment se concrétisera l’engagement signé. Cela passera par développement au sein des cursus médicaux des humanités en santé. D’autres engagements concernent la pédagogie ou le fonctionnement de l’institution elle-même. Quels indicateurs pourraient permettre de suivre l’application de cette charte en pratique ?