L’histoire environnementale des littoraux a connu, au cours de ces dernières années, une accélération sensible de sa production. L’archéologie en est la principale inspiratrice. Pour compléter les données archéologiques et environnementales, lorsqu’il s’agit de convoquer des sources écrites médiévales pour tenter de saisir ces trajectoires globales, immédiatement les problèmes archivistiques nous font face. En effet, en dehors de quelques dossiers exceptionnels relatifs aux ports de La Rochelle ou d’Harfleur par exemple, le corpus demeure assez pauvre. Ce qu’il manquait, c’est une vision d’ensemble du semis portuaire constitué au cours des XIe-XVe siècles, lacune que nous avons récemment comblée1. Ce travail a permis de référencer et souvent de documenter quelque 612 sites portuaires. Ce chiffre constitue probablement, pour beaucoup de secteurs littoraux, le niveau culminant des ramifications portuaires qui ont existé dans l’histoire des littoraux français. Les ports du Moyen Âge, plus encore qu’aujourd’hui, étaient des espaces anthropisés précaires, sans cesse remis en cause par des événements d’ordre naturel et humain. L’environnement, toujours instable, favorisait ou handicapait les installations selon ses évolutions. Dans ces circonstances, les sites portuaires étaient pourtant appelés à satisfaire les motivations économiques et politiques, elles-mêmes fluctuantes, qui présidaient à leur fonctionnement. Aussi devaient-ils être régulièrement adaptés aux changements rencontrés. Dans le cas d’une simple zone de relâche ou de transbordement, destinée à un trafic faible ou occasionnel, il n’était pas question d’engager des travaux coûteux. La moindre variation négative des facteurs naturels ou humains inclinait à son abandon au profit d’un autre emplacement plus convenable. Au contraire, un site vers lequel se concentraient et se fixaient durablement des enjeux importants donnait lieu à des investissements significatifs. La résolution – toujours partielle et provisoire – des difficultés rencontrées exigeait alors la mise en oeuvre d’interventions d’envergure. Cette communication propose de prendre en compte l’ensemble des faits qui décrivent la création et les évolutions de ces sites portuaires pour les considérer comme des artéfacts, capables de rendre compte, non seulement l’Histoire environnementale des sociétés littorales, mais aussi l’histoire de l’environnement littoral qui connut des transformations significatives, tant en matière de sédimentation et de comblements, que d’érosion et de submersions.