Le Liber Nemroth est un dialogue médiéval latin de cosmologie, d’astronomie et de comput entre un maître, Nemroth, et son disciple, Ioanton. Après la découverte de nouveaux témoins manuscrits (dont un du IXe siècle), et au moment où s’achèvent l’édition critique, la traduction et le commentaire de cette œuvre inédite, il est opportun de replacer le texte latin du LN dans le contexte, probablement carolingien, qui l’a vu naître, pour en présenter une notion centrale, celle du ‘nombre’. Divisée en 82 chapitres et illustrée d’une cinquantaine de figures, l’œuvre est très atypique à divers égards : elle n’est pas chrétienne, présente une astronomie arithmétique qui n’a rien de ptoléméen, a des sources d’inspiration et des doctrines qui peuvent être mises en rapport avec des traditions juives et syro-mésopotamiennes. Le nombre, désigné par numerus ou compotus, y joue un rôle central et répétitif comme fondement arithmétique de la construction théorique du cosmos et de la détermination du temps, comme compteur des éléments cosmiques (types de ‘vents’ cosmiques, planètes, signes, parties du monde et du microcosme humain, divisions du temps, fixation d’événements, etc.), comme clé des cycles et distances planétaires, et comme base d’un raisonnement par abstraction du plus petit au plus grand. Tous ces emplois font de compotus une science du ciel et du temps fondée sur le nombre et le rendent souvent synonyme de numerus dans cette acception. Ces fonctions du nombre comme clé de l’univers-édifice enseigné et révélé par Nemroth sont élucidées à partir des nombreuses occurrences dans le dialogue scientifique.