Traitement des usagers de drogues au Sénégal. La médicalisation d'une déviance sociale - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Thèse Année : 2017

Drugs users treatment in Senegal. From deviance to medicalization

Traitement des usagers de drogues au Sénégal. La médicalisation d'une déviance sociale

Albert Gautier Ndione
  • Fonction : Auteur
  • PersonId : 1027136

Résumé

In sociology, medicalization refers to the process by which certain non-medical phenomena are defined and treated as medical problems (usually as illness or dysfunction). In Dakar, following an epidemiological survey (UDSEN, 2011), a treatment device is set up for drug users (heroin, cocaine / crack) in a risk reduction approach. The thesis describes and analyzes this process which makes the population of drug users of the category of deviant to that of patient. The data used as a basis for this thesis are based on qualitative surveys (repeated interviews and observation), with several populations in Dakar (CDI, actors in the implementation of the device, caregivers, associations) between 2012 and 2015. The questions explored concern the culture of drug consumption in Dakar, individual and collective mobilizations around drug use including self-weaning practices, the implementation of the RDR treatment device as well as the assessments of immediate social actors (doctors, pharmacists, paramedics, associations, law enforcement, drug users). The treatment of drug users was based on exposure to HIV and related diseases and mobilized local and international AIDS professionals. The process of medicalization, which has given rise to new jargon and new treatment practices, is differently appreciated by the immediate social actors. Caregivers and associations are the category that accepts and appropriates the concepts and risk reduction approach the most, unlike the police who oppose this approach. Drug users in Dakar, who have long experience in the consumption of "illicit" products, have created a "marginal" universe in which they have capitalized on a number of experiments in the field of drug practices. consumption, addiction management, product reporting and withdrawal practices. This "lay" knowledge is mobilized to appreciate the new care device that is available to them. The device gives them access to care that allows them to start a process of social de-marginalization but which at the same time locks them into a relationship of dominants vis-à-vis caregivers (according to the model of the caring relationship -in the biomedical culture) and leads them to perceive themselves as "dependent" on a treatment.
En sociologie, la médicalisation désigne le processus par lequel certains phénomènes non médicaux sont définis et traités comme des problèmes médicaux (généralement comme maladie ou dysfonctionnement). À Dakar, à la suite d’une enquête épidémiologique (UDSEN, 2011), un dispositif de traitement est mis en place pour les usagers de drogues (héroïne, cocaïne/crack) dans une approche de Réduction des Risques. La thèse décrit et analyse ce processus qui fait passer la population d’usagers de drogues de la catégorie de déviant à celle de malade. Les données qui servent de base à cette thèse sont issues des enquêtes qualitatives (entretiens répétés et observation), auprès de plusieurs populations à Dakar (CDI ; acteurs de la mise en place du dispositif, soignants, associatifs) entre 2012 et 2015. Les questions explorées concernent la culture de consommation des drogues à Dakar, les mobilisations individuelles et collectives autour de l’usage de drogues incluant les pratiques d’auto-sevrage, la mise en place du dispositif de traitement RDR ainsi que les appréciations des acteurs sociaux immédiats (médecins, pharmaciens, paramédicaux, associatifs, force de l’ordre, usagers de drogues). Le dispositif de traitement des usagers de drogues a eu pour prétexte l’exposition au VIH et maladies associées et a mobilisé des acteurs locaux et internationaux professionnels du sida. Le processus de médicalisation, qui a fait émerger un nouveau jargon et de nouvelles pratiques de traitement, est différemment apprécié par les acteurs sociaux immédiats. Les soignants ainsi que les associatifs sont la catégorie qui accepte et s’approprie le plus les concepts et la démarche de réduction des risques contrairement aux forces de l’ordre qui s’opposent à cette démarche. Les usagers de drogues à Dakar, qui ont une longue expérience dans le milieu de la consommation de produits jugés « illicites », se sont créé un univers « à la marge » où ils ont capitalisé un certain nombre d’expériences en matière de pratiques de consommation, de modes de gestion de leur toxicomanie, de leurs rapports aux produits et de pratiques de sevrage. Ces savoirs « profanes » sont mobilisés pour apprécier le nouveau dispositif de soin qui est mis à leur disposition. Le dispositif leur donne accès à des soins qui leur permettent d’entamer un processus de dé-marginalisation sociale mais qui les enferme, en même temps, dans un rapport de dominés vis-à-vis des soignants (selon le modèle de la relation soignant-soigné dans la culture biomédicale) et les conduit à se percevoir comme « dépendants » d’un traitement.
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Dates et versions

tel-01693114 , version 1 (08-02-2018)

Identifiants

  • HAL Id : tel-01693114 , version 1

Citer

Albert Gautier Ndione. Traitement des usagers de drogues au Sénégal. La médicalisation d'une déviance sociale. Anthropologie sociale et ethnologie. Université Cheikh Anta Diop de Dakar, 2017. Français. ⟨NNT : ⟩. ⟨tel-01693114⟩

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