Les espaces des pratiques musicales et chorégraphiques trad. Enquêtes en Auvergne-Rhône-Alpes et en Vallée d'Aoste. - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Thèse Année : 2021

Contemporary traditional dance and music practices. A geographical study in Auvergne-Rhône-Alpes (France) and Vallée d'Aoste (Italy)

Les espaces des pratiques musicales et chorégraphiques trad. Enquêtes en Auvergne-Rhône-Alpes et en Vallée d'Aoste.

Morgane Montagnat

Résumé

This thesis takes a geographical interest in current dance and music practices, described as traditional, in Auvergne-Rhône-Alpes and Vallée d'Aoste. These practices, which stem from the political, social and cultural folk revival of the 1960's and 1970's, are enlightening the geographical paradigm. In a context of multiple spatial shuffles, they question the connection between rural and urban spaces, they redefine the perception of countryside, they interrogate the continuity of administrative districts. They occur today between mobility and integration, between proximity desire and globalization. They question the role of social, cultural and leisure practices regarding spatial perception and assimilation. This singular and confidential subject is studied through a multi-level and multidisciplinary methodology. Four approaches allow the access to the symbolic dimension of trad practices just like to their lived, daily dimension. First, a series of interviews as well as a participant study reveal the musician and dancers experiences. Then, a filmed observation of the ball shows how this activity has built up itself and supposedly varies in space. Furthermore, a statistical survey of events in Auvergne-Rhône-Alpes gives an insight on traditional dance and music practices spatial distribution and structuring effects. Lastly, an observation of social networks give access to the references elaborated and put into circulation online. The study takes place in a trans-regional context facing reconfiguration (Auvergne-Rhône-Alpes) or legitimization of its political and administrative status (Vallée d'Aoste) issues. There, traditional music and dance practices are not always visible, and the role they play towards cultural regional coherence is not consensual. This thesis offers a state of play of confidential practices, often invisible from the public policies point of view. The thesis reveals the experiences and motivations of musicians and dancers nowadays. It shows their collective dynamics, their perceptions of space and their effects on them, on their practices and on the locations in which they take place. So called traditional music and dance support senses of belongings and local memory fabrication. They update the spatial categories through which the geographer perceive the world. In doing so, they suggest contemporary form of spatial and temporal occupation which articulates a need for coherence as well as for assimilation and mobility. In a context of structural and symbolic space reconfiguration and of explosion of shared references, they reveal our adaptation strategies through cultural, social and leisure practices. They display the peculiar link between human, culture and space. Therefore, they appear as good indicators of the dynamics and effects of cultural globalization. As daily practices, they allow a deep understanding of spaces beyond their economical, productive, administrative and political functions. They give an insight into the personal and invisible lived dimension of spaces, into their narratives and their systemic functioning.
Cette thèse s'intéresse aux pratiques actuelles de musiques et de danses dites traditionnelles en Auvergne-Rhône-Alpes et en Vallée d'Aoste d'un point de vue spatial. Ces pratiques, qui découlent du mouvement politique, social et culturel du revival folk des années 1960-1970, se trouvent au cœur de plusieurs tensions qui renouvellent le paradigme géographique. Elles interrogent les rapports entre rural et urbain, les resignifications de la campagne et la cohérence des découpages administratifs dans un contexte de recompositions spatiales. Elles se développent entre mobilité et ancrage, entre recherche de proximité et globalisation, et questionnent plus largement le rôle des pratiques sociales, culturelles et de loisir dans les phénomènes de représentation et d'appropriation spatiales. Cet objet singulier, total et souterrain est interrogé au travers d'une méthodologie multifocale, pluridisciplinaire et d'une approche géographique croisée. Quatre niveaux d'enquête permettent d'accéder tant au fond symbolique des pratiques qu'à leur dimension vécue, quotidienne et localisée : une enquête par entretiens doublée d'observation participante cible les parcours individualisés d'acteurs ; une observation filmée du bal questionne la construction de cet espace de représentation collective ainsi que sa variation dans l'espace ; un inventaire statistique et cartographié des évènements organisés en Auvergne-Rhône-Alpes rend compte de la structuration des réseaux d'acteurs et de leur répartition spatiale ; enfin, une expérience de veille en ligne renseigne sur la création et la circulation des références spatiales au moyen des outils numériques. L'enquête se déploie dans un espace trans-régional en proie à des enjeux de reconfiguration (fusion régionale en Auvergne-Rhône-Alpes) ou de légitimation de leur statut politico-administratif (Vallée d'Aoste) choisi pour ses contrastes. Les pratiques revivalistes n'y bénéficient pas toujours d'une forte visibilité et leur participation à la cohérence culturelle des régions ne fait pas consensus. Cette thèse propose un état des lieux de pratiques culturelles et sociales peu visibles des politiques publiques qui se développent dans une confidentialité recherchée. Elle met au jour les parcours et motivations des acteurs revivalistes, leurs dynamiques de structuration collective, leurs représentations spatiales et leurs effets, tant sur eux-mêmes que sur leurs pratiques et les espaces qui les accueillent. Déclencheur de sentiments d'appartenance, support de requalifications, d'actualisation de catégories spatiales et de fabrique de mémoire localisée, l'objet d'entre-deux des « mondes du trad » dessine des formes contemporaines d'occupation du temps et de l'espace qui témoignent d'un besoin d'articuler cohérence, ancrages et circulations. Dans un contexte de mutation structurelle et symbolique des espaces et d'éclatement des références collectives, les pratiques des musiques et danses dites traditionnelles révèlent nos stratégies d'adaptation à travers le champ culturel et social : elles exposent le lien singulier entre culture, individu et espace et apparaissent comme un bon indicateur des interactions et incidences spatiales de la mondialisation culturelle. L'archipel mouvant du trad constitue un laboratoire d'observation privilégiée des effets spatiaux des dynamiques culturelles, depuis l'échelle des corps en mouvement jusqu'à celle des arbitrages entre le singulier et l'universel dans la nouvelle économie spatiale de la globalisation. En tant que pratiques du quotidien, elles permettent une approche des espaces au-delà de leurs fonctions économiques, productives, administratives et politiques. Elles donnent accès au vécu invisible des espaces, à leur mise en récit, à leurs appropriations et à leur fonctionnement systémique.
Fichier non déposé

Dates et versions

tel-03131082 , version 1 (04-02-2021)

Identifiants

  • HAL Id : tel-03131082 , version 1

Citer

Morgane Montagnat. Les espaces des pratiques musicales et chorégraphiques trad. Enquêtes en Auvergne-Rhône-Alpes et en Vallée d'Aoste.. Géographie. Université Lumière Lyon 2, 2021. Français. ⟨NNT : ⟩. ⟨tel-03131082⟩

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