Sortir de la précarité ? Processus et conditions de possibilité au regard des trajectoires de vie des migrants « roms » dans les villes d’Europe occidentale
Résumé
In addition to identifying the effects of public action on the daily lives of 'Roma' migrants in precarious situations in the cities of Western Europe, our research programme had another objective: to specify the conditions that make it possible to escape from precariousness, which Patrick Cingolani defines as 'the absence of one or more forms of security that enable individuals and families to assume their basic responsibilities and enjoy their fundamental rights' (Cingolani, 2017, p. 25). However, the aim was not to identify 'good practice' based on the evaluation of public policies, or to find 'recipes' for building 'innovative' measures to combat poverty, to use the expressions of the moment, but to see how, by mobilising elements of public action as well as other contextual elements such as the family network, local economic opportunities, not to mention the social and economic context, we can build a 'new' society, This is because, as we know from the work of Georg Simmel, poverty may be a state marked by a lack of means or resources, but it is also and above all a social relationship, a relationship of assistance that society enters into with those it designates as 'poor' (Simmel, 1998).This line of thought poses a major theoretical and methodological problem. How do we qualify the situation of individuals or families? What criteria should be taken into account to identify people who have emerged from precariousness, without reproducing or producing, perhaps unwittingly, criteria of differentiation and thresholds that actualise the dominant norms and therefore constitute forms of government and domination typical of nation states (Scott 1998; Favell, 2019)?
Outre l’identification des effets de l’action publique dans la vie quotidienne des migrants « roms » en situation précaire dans les villes d’Europe occidentale, notre programme de recherche visait un autre objectif : préciser les conditions de possibilité de la sortie de la précarité que, rappelons-le, Patrick Cingolani définit comme « l’absence d’une ou de plusieurs sécurités permettant aux personnes et familles d’assumer leurs responsabilités élémentaires et de jouir de leurs droits fondamentaux » (Cingolani, 2017, p. 25). L’enjeu de la réflexion n’était toute- fois ni d’identifier des « bonnes pratiques » à partir de l’évaluation des politiques publiques, ni de trouver ce qui pouvait s’apparenter à des « recettes » pour construire des dispositifs « innovants » de lutte contre la pauvreté, pour reprendre des expressions dans l’air du temps, mais de voir comment, en mobilisant des éléments de l’action publique ainsi que d’autres éléments contextuels comme le réseau familial, les opportunités économiques locales, sans oublier les connais- sances et les compétences personnelles, des personnes parvenaient à sortir de la pauvreté, en tout cas de la précarité car, on le sait depuis les travaux de Georg Simmel, la pauvreté est peut-être un état marqué par le manque de moyens ou de ressources, mais aussi et surtout une relation sociale, une relation d’assistance que la société noue avec ceux qu’elle désigne comme « pauvres » (Simmel, 1998).Cette piste de réflexion pose un problème majeur sur les plans théorique et méthodologique. Comment, en effet, qualifier la situation des personnes ou des familles ? Quels sont les critères à prendre en compte pour identifier les personnes qui seraient sorties de la précarité, sans reproduire, ou produire, éventuellement à notre insu, des critères de différenciation et des seuils qui actualisent les normes dominantes et constituent, pour cette raison, des formes de gouvernement et de domination typiques des États-nations (Scott 1998 ; Favell, 2019) ?
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