L'article est une étude du monde hostile et inquiétant de Beowulf, une analyse des éléments topographiques du poème. Sont d'abord passés en revue les éléments constitutifs du monde des hommes (forêt, mer, côte, falaises, palais royal) et de celui des monstres (ténèbres, couleur grise, vent, froid, lande/ marais, caches souterraines de pierre, mer/ lac). Suit une interprétation symbolique : le lac de Grendel est clairement une image de l'Enfer. Celui-ci est un gouffre, un monde clos, une souricière, un univers statique. Beowulf s'oppose à ce sommeil de mort et incarne l'action : le mouvement est symbole de vie. L'ensemble du poème est un long cheminement et le voyage l'un des thèmes structurants de l'oeuvre. Tous les voyages de Beowulf sont une anticipation du grand voyage final. Les forces du Mal cherchent à entraîner dans leur royaume "les enfants des hommes", à réduire tout et chacun à des enveloppes sans contenu. Chacun des espaces signifiants du poème est un lieu double, une coque dissimulant un trésor (palais, navires, caverne du dragon, corps humain). Au bout du chemin de la vie, Beowulf se voit offrir un nouvel espace, une nouvelle demeure : "the embrace of the Father".