Parce que le catalogue de librairie est un instrument d’ordonnancement des choses gouverné par le souci de bien vendre, il reflète à la fois un système de pensée – les catégories opératoires dans la Librairie de l’époque – et une stratégie commerciale, adaptée à ce que le libraire se représente des attentes et des besoins de sa clientèle. Il permet ainsi d’échapper à une représentation anhistorique des catégories bibliographiques, indifférente aux conditionnements sociaux, matériels et intellectuels contemporains. Il donne au contraire les moyens de comprendre pourquoi, au milieu du XVIIIe siècle, certains libraires parisiens ont inscrit dans leurs catalogues la catégorie de « livres à l’usage des collèges » et « des écoles » et pourquoi, quelques décennies plus tard, l’émergence d’une autre catégorie, celle des « livres d’éducation », a marqué un nouvel ajustement de l’ordre des livres à l’évolution des réflexions et des consommations éducatives.