Le membre inférieur de l’Homme de la Caune de l’Arago : Les fémurs de l’Homme de la Caune de l’Arago (A17, A38, A48, A51, A53, A57, A141) - HAL Accéder directement au contenu
Chapitre d'ouvrage Année : 2022

Le membre inférieur de l’Homme de la Caune de l’Arago : Les fémurs de l’Homme de la Caune de l’Arago (A17, A38, A48, A51, A53, A57, A141)

Résumé

Les fémurs de la Caune de l’Arago (A17, A38, A48, A51, A53, A57 et A141) offrent l’occasion de faire une nouvelle incursion dans la variation fémorale au Pléistocène moyen. Des travaux précédents avaient permis de dresser les principales caractéristiques externes des fémurs de l’Arago, à partir notamment d’A48. Celles-ci ont été confirmées et précisées dans cette nouvelle étude en intégrant deux fémurs nouveaux, l’un découvert en 1982 (A57) et l’autre en 2013 (A141). La multiplicité des données externes et internes fournis par la littérature sur le fémur en raison des nombreuses découvertes à différentes périodes et sur différents continents en fait un os particulièrement intéressant pour mettre en évidence le degré d’affinités des membres inférieurs des Hommes du Pléistocène moyen européens avec les Homo erectus et les Néandertaliens. Nous constatons à l’Arago que les fémurs, forts similaires entre eux, possèdent des dimensions diaphysaires élevées, une vaste tubérosité glutéale bien délimitée présentant un plan hélicoïdal et une fosse hypotrochantérienne définie par une surface rugueuse et de multiples dépressions. Cette tubérosité est longée médialement par une saillante crête glutéale dont l’extrémité proximale est occupée par un troisième trochanter. La robustesse « apparente » ou massivité sous-trochantérienne naît des reliefs dus au saillant renflement du bord latéral (i.e., renflement hypotrochantérien) situé au niveau de la tubérosité glutéale, aux piliers antérieurs et à la saillie de la crête glutéale. Cette impression de robustesse est renforcée par des surfaces concaves qui participent à la saillie des reliefs comme celle qui longe antérieurement le renflement latéral sur le fémur A57. Le renflement latéral s’identifie fréquemment chez les Néandertaliens et les Homo erectus alors qu’une claire fosse hypotrochantérienne est observée uniquement chez ce dernier groupe. La robustesse biomécanique, issue des propriétés géométriques des sections diaphysaires, confirment quantitativement, et d’une manière plus appropriée, la robustesse élevée de ces os dans la région proximale. La robustesse des fémurs de l’Arago est similaire à celles des Néandertaliens et certains Hommes du Paléolithique supérieur. En revanche, la robustesse d’A141 à mi-diaphyse (le seul ayant conservé cette région) correspond à celle attendue pour les Homo anciens. Le manque de données ne permet pas de statuer sur la robustesse fémorale des Homo erectus. Les fémurs de l’Arago sont remarquables par leur aire corticale très élevée et développée au détriment de la cavité médullaire de petites dimensions (i.e., aire corticale relative très élevée). L’abondance d’os cortical au sein des sections diaphysaires est typique des formes anciennes. De même, nous retrouvons la prédominance de la rigidité médio-latérale diaphysaire au regard de la rigidité antéro-postérieure, typique des Homo erectus, ce qui rompt clairement avec le modèle fémoral du Paléolithique supérieur pour lequel la rigidité antéro-postérieure prédomine. Ce renfort médio-latéral global est souligné également par le modèle endostructural de distribution de l’épaisseur corticale le long de la diaphyse avec un épaississement cortical prédominant selon l’axe médio-latéral, similairement à celui des Homo erectus, alors que les Néandertaliens présentent un renforcement en spiral enveloppant la face médiale de la diaphyse et qui se termine à la section mi-diaphysaire par un renforcement cortical postéro-médial (et non médial). Cette spécificité mi-diaphysaire fréquente chez Néandertal est présente sur les fémurs de la Sima de los Huesos, les distinguant ainsi d’A141. Les fémurs de l’Arago semblent s’accorder morphologiquement, sans ambiguïté, ni avec les Homo erectus ni avec les Néandertaliens, même s’ils partagent des caractéristiques notables avec ces deux groupes. Leur morphologie semblerait devoir être imputée préférentiellement à l’architecture pelvo-fémorale (e.g., largeur du pelvis) engendrant de fortes contraintes mécaniques durant la locomotion et à de multiples facteurs pouvant agir sur l’os cortical au cours du développement plutôt qu’à une origine fonctionnelle tels que le type et le degré de mobilité.
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Dates et versions

hal-03944461, version 1 (18-01-2023)

Identifiants

  • HAL Id : hal-03944461 , version 1

Citer

Tony Chevalier, Marie-Antoinette De Lumley. Le membre inférieur de l’Homme de la Caune de l’Arago : Les fémurs de l’Homme de la Caune de l’Arago (A17, A38, A48, A51, A53, A57, A141). Les restes humains du Pléistocène moyen de la Caune de l’Arago. Caune de l’Arago. Tautavel-en-Roussillon, Pyrénées-Orientales, France, CNRS éditions, pp.557-610, 2022, 978-2-271-14448-5. ⟨hal-03944461⟩
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Dernière date de mise à jour le 05/05/2024
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