Dans cette recherche, on appelle « modernisation » , les changements technologiques importants qui ont un impact direct sur le produit. Cette définition exclut les modifications portant seulement sur l'organisation, les relations professionnelles ou contractuelles tout en incluant ces domaines. L'essentiel de l'étude porte sur les négociations menées dans chacun de ces domaines, sur le va et vient des projets, sur leur évolution à chaque étape de l'introduction d'un nouvel acteur et des contraintes dont il est porteur et sur les résultats globaux.
Par « négociation », on appelle ici celle menée entre direction et partenaires sociaux et/ou entre les acteurs de l'entreprise. On cherche à faire ressortir le lien entre les différents niveaux d'élaboration et les différents acteurs concernés. Qui a su quoi à quel moment ? Qui a dû décider, qui s'est battu ou s'est abstenu à propos de quelle décision et pourquoi ? On a tenté de préciser avec le maximum de détails les conditions des implantations, suivre les évolutions des projets, leur mode de diffusion, leur contenu, le moment des informations, les conséquences sur les autres acteurs, les modifications introduites par les autres acteurs, etc.
L'entrepriseest considérée ici comme un lieu social central, créateur de rapports sociaux particuliers et facteur de recomposition de l'action collective. Cette observation minutieuse a permis une meilleure connaissance des pratiques.
Deux sites ont été observés. Les résultats, dix ans après, d'un vieux (1983-85) projet de modernisation : ISOAR aux usines Peugeot de Mulhouse. Un établissement de BSN, où le chercheur a pu observer le déroulement d'un projet de modernisation, depuis sa conception jusqu'à la mise en fabrication du produit dans l'établissement, cette dernière phase ayant donné lieu à une observation directe.