La formation tout au long de la vie reste pour l'instant avant tout un slogan. Certes, ce slogan est porté avec vigueur par les grandes organisations internationales, de l'OCDE à l'UNESCO [Unesco, 2005]. Certes aussi, il sert de guide à la politique impulsée par l'Union européenne. Mais force est de constater que les pratiques sont encore très loin des ambitions affichées par ces organisations. Au niveau macro-économique, les indicateurs sont plutôt au rouge. L'effort national de formation continue a tendance à diminuer depuis le milieu des années 1990 et les taux d'accès restent fortement inégalitaires. L'examen des parcours individuels montre qu'une fraction de la population reste durablement écartée de tout accès à la formation continue. Si certains parcours sont dans des dynamiques plus positives, les accès déclinent cependant avec l'âge [Gauron, 2000, Fournier Lambert, 2002]. Et la plupart des dispositifs publics demeurent segmentés par les statuts sociaux (en emploi, au chômage, inactif....) créant ainsi des discontinuités fortes dans les possibilités d'accès. Il semble aussi que les indicateurs classiques de rentabilité individuelle de la formation (rentabilité salariale, contribution à la promotion sociale) soient à la baisse. Une partie de ces constats ont sous-tendu la négociation de 2003 entre les partenaires sociaux ainsi que la loi qui a suivi en 2004. La réforme significative du cadre institutionnel peut-elle infléchir fortement la tendance ? Quels scénarios peut-on dessiner ? Tel est l'objectif de cette contribution, Dans une première partie, nous situerons cette réforme dans son environnement général. Une deuxième partie examinera en quoi des points de convergence entre les différents dispositifs sont plus ou moins porteurs de changement. Une troisième partie esquissera trois scénarios pour les années à venir.