Dans le cadre des relations entre art et science à la Renaissance, la question de la représentation picturale des phénomènes météorologiques s'avère paradoxale et soulève un certain nombre de problèmes. Alors qu'une solide tradition théorique assigne à la peinture l'ambition de figurer le tumulte qui agite et anime le monde terrestre, la pratique artistique en Italie se révèle plutôt réticente à perturber l'image par des événements climatiques, à l'exception notable de ceux qui, telles les tempêtes miraculeuses, ressortent du domaine de l'hagiographie. Même dans le cas de l'iconographie du Déluge, la pluie est rarement montrée. La représentation météorologique intervient avant tout à la faveur d'audaces formelles, chez Léonard ou dans le cercle de Raphaël, dont la diffusion reste limitée, ainsi qu'à l'occasion de sujets et dans le cadre de commandes qui la justifient fortement, comme dans le milieu vénitien au début du XVIe siècle, obsédé par la reconversion économique d'une république maritime dans le capitalisme terrien. Dans de rares cas, on peut établir des liens assez directs entre la représentation picturale et des préoccupations savantes, principalement nourries d'Aristote, mais un certain dilemme semble se présenter entre l'illustration des effets météorologiques et la démonstration de leurs causes. Parmi les exemples provenant des anciens Pays-Bas, la poétique du paysage « grandiose » chez Rubens mérite, de ce point de vue, d'être considérée dans le contexte néo-stoïcien. Ainsi, le ‘Paysage avec Philémon et Baucis' du Kunsthistorisches Museum de Vienne (vers 1625) peut être mis en rapport avec le récit du cataclysme qui devra détruire le monde selon les ‘Questions naturelles' de Sénèque, dont le peintre semble traduire non seulement une partie du schéma explicatif, mais aussi le registre rhétorique et l'atmosphère justement picturale de clair-obscur. Ce type d'œuvres inaugure un nouvel âge, où les scènes d'orage deviendront une spécialité en soi.