L'irrigation est encore un des vecteurs de la valorisation des espaces agricoles et, partant, un outil de développement des aires rurales. Etant donné les vicissitudes que le Liban a connues depuis son indépendance, cette politique de mise en eau des espaces agricoles dans ce pays n'a pas été aussi massive que dans les autres pays de la région (Syrie, Irak, Egypte, Jordanie, Israël). Il en est résulté une appropriation incontrôlée des ressources en eau, en particulier les réserves souterraines qui sont abondantes au Liban. Mais ce contrôle sur l'eau se double semble-t-il d'un contrôle sur la terre, les propriétaires de forage faisant parfois de la mainmise foncière avant de louer des lots de terres irriguées.
Pour casser ce pouvoir hydraulique et foncier, le Liban a lancé dans la Bekaa-ouest un programme d'irrigation, à partir du plus grand lac du pays. Mais si la rupture du monopole foncier et hydraulique des propirétaires de forage est envisageable avec ce projet, il est peu probable que celui-ci puisse introduire de forts changements, dans un sens positif, pour les populations agricoles oubliées depuis longtemps par les pouvoirs publics. Car le développement n'est pas qu'une histoire de tuyaux.