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Ouvrages Année : 2005

L'espace scolaire des Villes Nouvelles d'Ile-de-France est-il un espace spécifique?

Hélène Mathian
Claire Cunty
Pauline Gluski

Résumé

S'interrogeant d'abord sur l'existence d'une spécificité de la composition sociale des espaces scolaires des Villes Nouvelles, on a comparé avec le profil moyen francilien les profils de chaque Ville Nouvelle et de l'ensemble des Villes Nouvelles. En termes d'origines nationales des élèves, les Villes Nouvelles ne se distinguent que par une sous-représentation modérée des élèves d'origine étrangère. Celle-ci ne permet en outre de distinguer les Villes Nouvelles les unes des autres que de façon marginale. En ce qui concerne la structure sociale de la population des élèves les Villes Nouvelles s'écartent peu du profil moyen francilien. Ce qui, dans l'ensemble, distingue les Villes Nouvelles, c'est une sur-représentation non négligeable d'enfants des catégories intermédiaires associée à une sous-représentation des enfants des catégories localisées préférentiellement auprès des lieux centraux. Lorsqu'on introduit des indicateurs spécifiquement scolaires que sont l'avance et le retard, les Villes Nouvelles s'écartent également assez peu du profil moyen. On observe toutefois une certaine propension des élèves des Villes Nouvelles à se conformer à l'âge scolaire théorique.

Pour mieux saisir une éventuelle spécificité des Villes Nouvelles, on a alors introduit l'hypothèse suivante : il existe un groupe d'établissements au profil spécifique : celui des établissements des Villes Nouvelles. On a cherché à caractériser ce type d'établissement scolaire qui serait spécifique aux Villes Nouvelles grâce à une Analyse Factorielle Discriminante. Au sein de l'ensemble de l'Île-de-France, la spécificité des Villes Nouvelles n'est pas spectaculaire : les indicateurs socio-scolaires retenus n'ont qu'un pouvoir discriminant relativement médiocre. Bien que statistiquement significative, la partition entre le groupe constitué par les collèges des Villes Nouvelles et le groupe formé par les autres établissements de la région n'est pas très nette au regard des indicateurs retenus. Avec une spécificité aussi peu affirmée, on ne s'étonnera pas que la cartographie du type d'espace scolaire « Ville Nouvelle » révèle des contours flous, pour le moins.

Pour savoir comment les Villes Nouvelles se situent par rapport aux grandes ruptures qui traversent l'espace francilien, on a ensuite recherché grâce à une analyse factorielle les principales dimensions de la différenciation sociale de l'espace francilien en ayant soin d'observer en parallèle espace résidentiel et espace scolaire. La principale dimension de la division sociale renvoie à une division sectorielle très classique de l'agglomération (un secteur sud-ouest favorisé s'oppose à un secteur nord défavorisé), dans laquelle les Villes Nouvelles sont très mal spécifiées. Toutes admettent en leur sein des espaces favorisés et des espaces défavorisés, mais, à l'aune de l'Ile-de-France, les contrastes qu'on y observe ne sont pas des plus violents. La seconde dimension permet de montrer que l'espace scolaire des Villes Nouvelles est caractéristique des périphéries, mais, d'une façon générale, les Villes Nouvelles n'ont pas de position spécifique par rapport aux grandes lignes de la division sociale de l'espace scolaire.

En raison de l'effort important réalisé par les pouvoirs publics pour veiller à ce que les Villes Nouvelles disposent d'un niveau d'équipement élevé quantitativement et qualitativement, en raison de la centralité qui devait les caractériser, on s'attendrait à ce que l'espace scolaire y soit, plus qu'ailleurs, en harmonie avec l'espace résidentiel : ce n'est pas le cas. D'une part, l'évitement y a un impact variable sur les effectifs des collèges et sur la division sociale de l'espace scolaire; d'autre part, les composantes explicatives de ces variations qui ont pu être dégagées ne semblent pas liées à des configurations ou à des dynamiques propres aux Villes Nouvelles, mais suivent au contraire les tendances observées à l'échelon régional.

On s'est enfin interrogé sur une éventuelle spécificité des villes nouvelles en ce qui concerne les effets du tracé de la carte scolaire sur différents aspects de la ségrégation dans l'espace scolaire. Dans ce but, on a recherché d'abord les discontinuités locales potentiellement associées aux segments de contacts entre aires de recrutement contiguës : il semble qu'il n'existe pas de logique de différenciation spatiale forte et univoque ni entre les Villes Nouvelles et leur voisinage immédiat, ni à l'intérieur de celles-ci. Les Villes Nouvelles sont donc remarquables en ce que l'espace scolaire semble y être particulièrement peu porteur de ruptures spatiales révélatrices de ségrégation. On a alors évalué l'efficacité de la carte scolaire en matière de ségrégation en mesurant l'effet spécifique du tracé sur la co-présence d'élèves différents au sein des mêmes établissements. Les résultats sont ici à l'avantage des Villes Nouvelles. Il pourrait s'agir d'un effet positif de la diversité de l'habitat liée aux échelles socio-spatiales introduites dans le projet initial des Villes Nouvelles, où l'on a porté une attention particulière aux « quartiers ».

Domaines

Géographie
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Dates et versions

halshs-00165160, version 1 (24-07-2007)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-00165160 , version 1

Citer

Jean-Christophe François, Hélène Mathian, Claire Cunty, Pauline Gluski. L'espace scolaire des Villes Nouvelles d'Ile-de-France est-il un espace spécifique?. PIHEVN, pp.113, 2005. ⟨halshs-00165160⟩
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Dernière date de mise à jour le 20/04/2024
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