La forêt, la montagne et la grotte : Pratolino et la poétique pastorale du paysage à la fin du XVIe siècle
Résumé
Le paradigme de l' ‘ut pictura poesis' conduit certains théoriciens de l'art dans l'Italie de la seconde moitié du XVIe siècle à codifier les rapports entre iconographie des jardins et poésie pastorale. Le cas de Pratolino, villa aménagée près de Florence de 1569 à 1586 par l'architecte Buontalenti pour François Ier de Médicis, offre un exemple remarquable de telles relations. Plusieurs descriptions littéraires contemporaines permettent en effet de donner un éclairage nouveau sur sa spatialité et son iconographie, en révélant comment certains motifs bucoliques investissent l'imaginaire mis en oeuvre dans la création et la perception du jardin, au travers d'une poétique du paysage pastoral, de sa géographie idéale et de ses figures, dont sont examinés quelques aspects. Ainsi, les figurations de satyres et de nymphes contribuent à rappeler le caractère sacré du lieu, habité de présences divines qui lui ont donné naissance par leur métamorphose ; l'Apennin sculpté par Giambologna apparaît comme l'incarnation anthropomorphique de ce site montagnard et boisé. Le thème des bergers dans la grotte semble d'autre part renvoyer à une conception idéale de l'amour, qui s'appliquerait également dans la ‘Grotta grande' construite par Buontalenti à Boboli. Pratolino montre par là comment la poésie pastorale antique et moderne (Sannazar, Laurent le Magnifique) a pu fournir non seulement des motifs exploités par les artistes, mais encore une vision topique de la nature réinvestie par les poètes de cour et sans doute impliquée dans la conception d'ensemble des jardins princiers.
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