Les querelles qui dans les années 1890 roulèrent sur la question de la souveraineté d'Andorre permettent de dévoiler sous un jour très particulier la charge d'identification qui fit un enjeu de chaque frontière. Les arguments employés, il est vrai, se trouvaient en décalage flagrant avec les origines attribuées au problème, en plein cœur du Moyen Âge. Mais ils se heurtait aussi à l'épaisseur du phénomène frontalier dans la culture andorrane. Pendant des siècles, en effet, il semble que les Andorrans ont construit leurs identités et leurs sociétés sur une cascade de limites territoriales. Suivre cette piste permet de découvrir une frontière éclatée en de multiples lieux sociaux, et d'éclairer quelques aspects de cette étrange montage.