"Adapter" les services publics aux habitants des "quartiers difficiles". Diagnostics misérabilistes et réformes libérales.
Résumé
Les politiques dites de « modernisation » des services publics menées en France depuis le milieu des années 1980 visent en premier lieu à les libéraliser ou à les gérer selon un mode managérial.. Un volet complémentaire caractérise ces politiques, celui de l' « adaptation » des services publics dans les quartiers dits « défavorisés ». Une expertise a ainsi été suscitée à l'appui du discours institutionnel sur la nécessité de services « spécifiques » face à une population « exclue ». La confrontation des conclusions de cette expertise avec une recherche fondée sur une enquête dans un quartier labellisé comme « en difficulté » montre leur caractère misérabiliste et erroné. L'étude ethnographique des relations des habitants aux institutions publiques montre en effet que si ces relations sont marquées par des formes de domination, ces habitants s'appuient sur des ressources diversifiées et des formes de « débrouille » pour faire face aux administrations. Elle permet en outre de cerner l'importance des dimensions généralistes des services publics, et des relations avec les agents subalternes dans l'atténuation de ces formes de domination. Cette confrontation conduit à souligner en quoi les réformes dualistes que légitiment ces rapports peuvent déstabiliser les processus intégrateurs existant pour les habitants au sein des relations aux services publics.
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