Les lois sur l'égalité professionnelle, de 1983 puis de 2001, obligent les entreprises à présenter un rapport « sur la situation comparée des hommes et des femmes » au comité d'entreprise des entreprises de plus de cinquante salariés. Ce rapport sert de point d'appui aux négociations collectives et aux mesures correctives. Or, la comparaison n'est envisagée que dans l'instantanée, une année par rapport à la précédente. Le rapport n'appréhende donc pas les différences de parcours et d'opportunités et risque ainsi d'occulter les inégalités entre les hommes et les femmes. L'égalité telle qu'elle apparaît dans le rapport peut cacher des inégalités structurelles bien réelles.
A partir d'une étude de cas, réalisé dans une grande entreprise du secteur de la métallurgie, nous opposerons au rapport sur la « situation comparée des hommes et des femmes » une analyse longitudinale, prenant en compte les différences de parcours, et montrerons ainsi que les inégalités perdurent et se creusent parfois. Si l'entreprise étudiée se conforme à la loi, nous faisons cependant l'hypothèse que ce mode de présentation sert moins à corriger les inégalités qu'il ne lui permet de se protéger contre les plaintes et les procès pour discrimination.