Le bassin de l'Isère, en amont de Grenoble, apporte au Rhône une contribution importante de matières en suspension. Par ailleurs, la surface de ce bassin versant en fait un témoin révélateur de la dynamique érosive actuelle dans les Alpes du Nord. Un équipement pour l'étude des flux de matière dissoute totale (MDT) et de matière en suspension (MES), a été installé progressivement à Grenoble, depuis 1994. Les résultats présentés sont établis à partir de mesures systématiques. En effet, dans les Alpes, il n'existe encore dans ce domaine que peu de données continues, et relevées sur une décennie. Ces mesures permettent de dresser un bilan d'érosion sur le bassin de l'Isère, et d'estimer l'érosion totale à 3.73 Mt an-1 et un taux d'érosion spécifique moyen de 652 t km-2 an-1. L'érosion fluviatile moyenne avec 2.0 Mt an-1 est légèrement plus forte que celle issue des processus chimiques dont la valeur moyenne est estimée à 1.73 Mt an-1. Mais la variabilité inter-annuelle de ces flux reste forte, et tout particulièrement le flux de matière en suspension. Le transit annuel de MES est très supérieur à celui de MDT lors des années connaissant des crues importantes. L'exportation de matière dissoute reste cependant considérable et traduit bien l'importance des processus de dissolution au sein du bassin.