En Syrie, où environ un tiers de la population vit de l'agriculture, la notion de ruralité peut sembler encore vivace. Cependant, ici aussi, les campagnes sont reliées depuis toujours aux marchés urbains qui dictent les productions agricoles. Malgré cela, le dualisme urbain-rural apparaît encore largement dans les discours des habitants, discours souvent teintés de représentations communautaires liées à une origine géographique : un Druze à Damas est forcément un homme du Djebel, image négative de surcroît pour un damascène. Il est synonyme d'une ruralité qui exprime surtout la différence et le rejet social. La stratégie de la communauté druze du sud syrien a été d'enjamber les frontières étatiques pour tenter de fuir un enclavement social, économique et politique. Essentiellement rurale, la communauté druze a capté lors de ses migrations des fonts et des attributs d'urbanité qui contribuèrent à redessiner les nouvelles frontières intra-régionales lors du retour des pionniers. En recréant ces nouvelles frontières dans l'espace régional où de nouvelles formes d'inégalités sont apparues : appropriation foncière, revenus migratoires, accaparement des richesses agricoles et industrielles dans le domaine privé, consommation démesurée sont autant de nouvelles fractures qui nourrissent les représentations.