Face à la globalisation des économies, les territoires, forts de leurs spécificités, essayent de s'imposer sur le marché mondial. Toutefois, tous ne s'y prennent pas de la même manière, et différentes stratégies de développement sont possibles. Pecqueur (2000) en retient notamment trois : l'agglomération (cas des clusters), la spécialisation et la spécification. C'est cette dernière qui nous intéresse ici, puisque, étant basée sur la construction et la valorisation de ressources spécifiques, elle s'avère non seulement pérenne dans le temps, mais également une excellente illustration de la construction des territoires. Dans ce cadre, les activités comme la production agricole de qualité (AOC), la valorisation du patrimoine ou encore le développement touristique tiennent une place essentielle. Dans le contexte de la compétition mondiale, une période post-fordiste s'ouvre et les stratégies de différenciation constituent une forme de compétitivité alternative au productivisme ; alternative d'autant plus cruciale qu'elle rencontre également les objectifs du développement durable. En conséquence, de nombreux territoires n'ont d'autre choix que d'élaborer des projets dans ce sens. La multiplication des produits particuliers pose cependant question. Comment rencontre-t-elle le modèle préexistant du fordisme ? Est-il accessible à tous ? Comment les consommateurs interprètent-ils cette diversité foisonnante et comment trouvent-ils des repères ? L'objectif de cette communication sera donc de s'interroger sur le processus même de spécification et de son insertion plus large dans un projet de développement territorial, afin d'identifier ses procédés de construction, ses résultats, ses enjeux. Par ailleurs, la spécification participe au renouvellement des politiques publiques qui voit sous un nouvel angle leur rôle dans l'aménagement du territoire. Elle remet le développement local à l'honneur et les territoires face à leurs propres capacités. Mais peut-on réellement déclaré le mode de développement spécifique. De par sa nature, n'est-il pas lui-même un construit territorial ? Dans quelle mesure peut-on le généraliser ?