En matière de santé, la famille est généralement considérée comme un des lieux privilégiés dans lequel peuvent s'exercer la vigilance, la prévention, la détection des problèmes et le soin. Cependant, elle apparaît aussi comme un ensemble d'individus aux compétences et aux comportements incertains : à ce titre, elle est objet d'études (quelles sont les connaissances des parents ? comment réagissent-ils face à un problème de santé particulier ?), de critiques (par exemple sur le plan des habitudes alimentaires, sur l'usage des médicaments, sur le recours au médecin etc.), de campagnes de sensibilisation (sur les antibiotiques, l'usage des stupéfiants...) ; elle est aussi destinataire d'informations, bénéficiaire d'incitations visant à susciter les comportements considérés comme appropriés. Bref, se dessine d'emblée une figure de la famille comme acteur, si ce n'est déficient, du moins à former et informer, éventuellement à soutenir, et, par voie de conséquence, une représentation des relations avec les professionnels de la santé et de l'action sociale marquées au sceau de l'asymétrie.
Par rapport à cette présentation, volontairement provocatrice, nous voudrions proposer un modèle différent de la famille qui mette l'accent sur ses compétences, sur sa capacité à observer et analyser les situations dans lesquelles elle se trouve, sur sa volonté d'élaborer des solutions à ses problèmes sans s'en remettre passivement aux professionnels, et plus encore, sur sa capacité à critiquer de manière construite l'action de certains professionnels, à proposer des alternatives et à faire valoir in fine la famille comme un acteur à part entière dans les décisions et les actions qui concernent la santé de ses membres.