La musique aka est charactérisée par une polyphonie de tradition orale. Imprégnation et imitation sont les principes majeurs de transmission, car la théorie musicale est largement implicite. La polyphonie contrapuntique est fondée sur quatre parties constitutives dont chacune a son propre patron [modèle] mélodique. Ce dernier est la référence pour un grand nombre de variations qui évoluent à l'intérieur d'une structure périodique régulière. Dans une première partie, nous décrirons le système de la polyphonie aka tout d'abord selon la conception autochtone. Différentes versions d'un même chant seront analysées afin de mettre au jour les charactéristiques et la complémentarité des parties, ainsi que le processus de variation. L'analyse est fondée sur la transcription paradigmatique des parties séparées et tiendra compte des aspects mélodiques et rythmiques. L'une des parties étant fondée sur le yodel, cette technique de chant particulière sera analysée dans la perspective de son incidence sur la structure mélodique. Une seconde partie traitera de la pratique musicale vivante : 1) la liberté de mouvement du chanteur au sein de l'ensemble des parties et de leurs variantes dans un contexte de chant collectif ; 2) le traitement du matériel quand il est exécuté seulement par un ou par deux chanteurs. L'analyse illustrera le phénomène que, dans la musique aka, toute mélodie - qu'elle soit chantée au sein d'un groupe ou par un chanteur seul - est générée par le souci de diversité qui a son origine dans une conception verticale, contrapuntique, de la musique.