Les " écrits vers le travail " appartiennent à la catégorie des écrits " que nos sociétés demandent, exigent, suscitent " (Fabre, 1993 : 26). Cette contribution se fonde sur l'observation d'un corpus de courriers authentiques adressés par des citoyens à des Institutions ou entreprises françaises et entend instituer ces documents en témoignages indirects mais non moins pertinents d'une " réalité représentée " de la société française. Qu'ils s'agissent de lettres de clients, d'allocataires d'aides sociales ou d'usager du service public, ces " écrits vers le travail " (Equoy-Hutin, 2003, 2006) répondent chacun à un projet argumentatif (Amossy, 2000) affirmé de la part du citoyen-scripteur. Les dispositifs argumentatifs déployés détiennent, révèlent et construisent des dimensions qui participent de la construction progressive de représentations de la société contemporaine. A travers des documents produits dans l'espace privé, explicitement adressés, et qui s'insèrent dans des situations souvent conflictuelles (Windisch, 1987), le citoyen prend part à la société et esquisse un portrait souvent péjoratif de celle-ci telle qu'il la vit dans son quotidien. Cette communication en Analyse de discours (Maingueneau, 1991, 1995, 2005) ambitionne d'extraire de ces courriers spontanés et des comportements sociolangagiers qui s'y révèlent, le paradigme des représentations sociales, culturelles, idéologiques et doxiques (Amossy, 2000) qui les animent sur ce second plan de lecture. Après un repérage théorique en analyse argumentative du discours et une définition spécifiée des écrits vers le travail, cette contribution dresse un panorama non exhaustif de quelques lieux d'écriture de la société dans ce genre de discours. Enfin, c'est l'hypothèse globalisante selon laquelle ces documents peuvent être considérés comme des témoignages indirects mais non moins pertinents d'une réalité schématisée de la société qui est réexaminée en conclusion.