Dans un contexte exceptionnel de transformation des politiques de gestion de l'immigration et de l'intégration et de leur concentration sous l'égide du ministère de l'immigration (MIINDS), la réintégration d'Adoma (ex-Sonacotra) dans l'action publique dite de « lutte contre les exclusions » constitue un indicateur significatif des continuités et des ruptures en matière de logement très social ces dernières décennies. Après avoir eu un rôle prédominant dans la prise en charge des migrants post-coloniaux cette société cherche à mettre en place un dispositif segmenté d'ordre humanitaire, social et ségrégatif visant d'autres catégories (demandeurs d'asile, gens du voyage, grandes familles, jeunes en insertion, sans-abri). Pour rendre compte de cette nouvelle configuration, nous abordons tout d'abord le passage de la gestion de l'inscription spatiale de l'immigration à la prise en charge résidentielle de l'exclusion. Ensuite nous évoquons la transformation du foyer de travailleurs migrants en différents types de logements spécifiques et d'urgence. Nous montrons enfin le décalage entre des réalités sociodémographiques marquées par la pauvreté et le vieillissement des usagers et la communication institutionnelle diffusant l'image d'une action de logeur humanitaire.