Cette communication a pour but de montrer l'intérêt qu'il y a à utiliser les notions de jeu et de représentation (notamment à l'aide de la typologie sociologique des jeux de Roger Caillois) dans l'étude de l'enclavement touristique. A travers cette expression, on désignera les comptoirs, c'est-à-dire les lieux proposant loisirs, hébergement et restauration, dont le tourisme est l'activité principale, voire unique. Les hôtels-clubs ou les îles-hôtels en sont des exemples-types : par des effets de fermeture et de discontinuités spatiales, ces lieux sont mis en scène pour proposer aux touristes un décor conforme à leurs représentations. Le jeu (qu'il s'agisse par exemple d'un sport ou d'un jeu de hasard), dans l'étude qu'en fait Roger Caillois, a de nombreux traits communs avec cette forme de tourisme : tous deux sont des activités reposant notamment sur la fiction, le décalage par rapport au quotidien. En géographie du tourisme, il existe déjà des approches mettant l'accent sur la rupture entre le quotidien et le temps du tourisme, le « hors-quotidien ». Il s'agit ici d'aller plus loin : l'enclave touristique confine à l'utopie tant la part de la fiction et du simulacre est grande. Les touristes qui fréquentent ces lieux, participent à cette mise en scène et peuvent passer pour des joueurs ou des acteurs dont la scène serait l'enclave touristique. On notera que les voyagistes y contribuent également en proposant des images relativement stéréotypées et par ailleurs conformes à l'imaginaire touristique commun. Etudier le tourisme enclavé par le biais du jeu permet de minorer la part de la distance et du transport dans le dépaysement des touristes pour mettre l'accent sur leurs pratiques récréatives et leurs perceptions sur le lieu touristique.