Les actes des archives de l'archevêché de Lucques fournissent des données précises sur la perception de l'espace chez les notaires lucquois des VIIIe et IXe siècles. Dans un paysage où la centuriation antique est encore très tenace, ils décrivent les propriétés selon un système double, par genre de parcelle et par confronts. L'analyse de ces descriptions et du système métrologique relatif permet de reconstituer des pratiques d'arpentage révélatrices, si on les met en relation avec ce que l'on sait de la culture de ces notaires (Codex 490, comparaison des formulaires notariaux employés et des textes gromatiques antiques), de l'ancrage de la pratique notariale dans un bain culturel et technique hérité de l'Antiquité, et adapté aux contraintes juridiques et économiques lombardes et carolingiennes. Les notaires font figure d'arpenteurs et de dépositaires de la mémoire foncière du territoire.