Quelles sont les empreintes de nature technique et culturelle présentes dans les livres ? Peut-on déceler des traces afférentes à la matérialité de l'écrit et à des pratiques innovantes ? Les articles de ce dossier analysent de quelle manière l'évolution des techniques et des outils de lecture s'est articulée avec la construction d'une culture de l'écrit, avec les conséquences qui en découlent concernant les supports et les formes des textes. Les différentes contributions s'attachent à identifier les éléments qui, dans un processus d'évolution technique, sont liés à une technique antérieure ou parfois postérieure ; il apparaît également qu'une première phase de mimésis peut être suivie d'une adaptation ouvrant la possibilité de nouveaux usages. Pour aborder un tel sujet, nous n'avons pas souhaité proposer une remise en perspective, dans la longue durée, de l'histoire culturelle et technique du livre ; elle est étudiée de manière détaillée par des historiens (Roger Chartier, Elizabeth Eisenstein, Henri-Jean Martin...). Les articles présentés ci-après sont des études de cas ciblées sur des pratiques éditoriales, des corpus précis et des périodes limitées. Ils sont rédigés par des chercheurs rattachés à la communauté des Sciences de l'information et de la communication. La problématique est centrée sur les relations entre la technologie, la culture et la société ; il s'agit d'appréhender, dans le cas du livre, les interactions qui se nouent entre les évolutions techniques, les acteurs et les contextes socioculturels. Dans ce questionnement, la culture écrite, les mutations techniques, les imaginaires et les pratiques sont indissociables et s'influencent de manière réciproque. Un autre point commun de ces contributions est qu'elles sont toutes construites à partir de l'observation et de l'analyse d'une pratique éditoriale particulière, utilisée pour nourrir la réflexion.