Volcanisme global et variations climatiques de courte durée dans l'histoire romaine (Ier s. av. J.-C. - IVème s. ap. J.-C.) : leçons d'une archive glaciaire (GISP2)
Résumé
The publication of ice-core records in the 1990s , and especially GISP2, recounted the main episodes of global volcanism that might have resulted in important climate-forcing. In pre-modern societies, this volcanic climate-forcing generally caused agricultural, health and social troubles (such as food shortages, epidemics, riots...). Comparing ice-core records with some episodes of Roman antiquity proves fruitful. The background to the end of the Gallic war (55-51 BC) seems to be marked by an important atmospheric disturbance which might partially account for the suddenness of some events of the Gallic rebellion of 52BC, and its most critical aspects. Some of the troubles of the late Antonine period might also be accounted for by similar volcanic events (ca. 154, ca. 162 and ca. 181 AD). However, there is no reason to link the events of the Deserters' war to the cataclysmic eruption of Lake Taupo, contrary to what was suggested in the 1980s. Finally, following this period, volcanic activity in the third century seems to have been more regular in a less favourable climatic era : did these factors contribute to the troubles of the Empire at that critical time ? As it is, the existence in the 260s of a disturbance of at least equal importance as that of the Antonine period, has been attested. On the contrary, the fourth century after 332 AD, bears no trace of any major eruption : no volcanic forcing disturbed imperial recovery then.
Les résultats publiés des carottes glaciaires prélevées dans les années 1990, en particulier GISP2, retracent les épisodes majeurs du volcanisme mondial susceptibles d'avoir causé des perturbations climatiques importantes. Dans les sociétés pré-modernes de telles perturbations engendrent en général des troubles agricoles, sanitaires et sociaux (disette, épidémies, émeutes...). La confrontation des résultats des carottes glaciaires à certains épisodes de l'antiquité romaine est fertile. Le contexte de la fin de la guerre des Gaules (55-51) semble être marqué par une importante perturbation qui explique sans doute en partie le caractère soudain de certains évènements de la révolte gauloise de 52 et ses aspects les plus critiques. Certaines des difficultés de la fin de l'époque antonine trouvent peut-être aussi leur explication dans des épisodes volcaniques similaires (ca. 154, ca. 162, ca. 181). En revanche, il n'y a pas de raison de lier les événements de la guerre des déserteurs à l'éruption cataclysmique du Lac Taupo ainsi que cela avait été proposé durant les années 1980. Enfin, à la suite de cette période, le troisième siècle semble connaître une activité volcanique plus régulière dans une période climatique moins favorable : cela a-t-il contribué aux difficultés de l'empire dans cette période critique ? Une perturbation au moins égale à celle de l'époque antonine est en tout cas attestée dans la décennie 260. Le quatrième siècle au contraire, après 332, est pour ainsi dire vierge de toute trace d'éruption de grande ampleur : nulle perturbation d'origine volcanique n'est venue troubler le redressement de l'empire.